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"Cela entretient l'épidémie": colère après l'organisation d'une fête clandestine près de Toulouse

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Une centaine de personnes ont été verbalisées tandis que les deux organisateurs ont été placés en garde à vue après l'intervention de la gendarmerie.

Quelques heures après l'organisation d'une fête clandestine, la localité du Burgaud soigne sa gueule de bois. C'est dans cette commune de Haute-Garonne, située à quelques kilomètres seulement au nord-ouest de Toulouse, que les gendarmes ont verbalisé aux alentours de 3h30 du matin ce dimanche une centaine de personnes dans un gîte loué pour l'occasion. Les deux organisateurs présumés ont pour leur part été placés en garde à vue.

Les participants, dont nombre d'entre eux ne portaient pas de masques à l'arrivée des autorités, venaient d'Occitanie, notamment de Toulouse et de Montpellier mais aussi de communes de la la région parisienne comme Issy-les-Moulineaux, selon une source proche de l'enquête.

"Beaucoup d'agacement"

Au Burgaud, commune calme d'un peu moins de 1000 âmes, l'heure est au nettoyage et à l'incompréhension. La propriétaire, qui assure avoir été avertie au petit matin par les gendarmes de la situation, indique avoir signé "un contrat de location avec une société d’influenceurs." Selon leur accord, ils devaient être "six avec un cameraman pour faire des photos de produits."

Une responsable du nettoyage du gîte confie à BFMTV avoir "beaucoup d’agacement". "Nous on s’embête toute la semaine à faire attention avec les gestes barrière et eux le temps d’une soirée, ils sont je ne sais combien et ils font n’importe quoi", commente-t-elle.

Du côté de la mairie, on estime que si la commune a été choisie, c'est pour son relatif isolement.

"On peut imaginer que ces personnes se sont dit qu’en organisant ce type de soirée à la campagne, dans un endroit de surcroît isolé, ils allaient être à l’abri d’un contrôle et de risques particuliers, ce qui n’est pas le cas", indique le maire, Laurent Zanetti.

Des soirées qui freinent l'efficacité des mesures

D'un point de vue strictement sanitaire, la tenue de cette soirée clandestine dans une région où la situation épidémique "se dégrade très rapidement" avec 1827 hospitalisations en cours, dont 411 en réanimation. En Haute-Garonne, 384 personnes sont hospitalisées, dont 98 en réanimation.

Invité sur BFMTV ce dimanche soir, Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation médicale à l’hôpital Lariboisière AP-HP de Paris souligne que ces rassemblements participent à fragiliser les mesures prises en place par le gouvernement.

"Ce sont des rassemblements qui permettent de maintenir la diffusion du virus. Ce sont des rassemblements non officiels, il n’y a pas de possibilité de suivi ultérieur, de tracer les contacts et voir comment se répand le cluster. (...) On voit bien que le pic est déjà atteint, mais aujourd’hui la vitesse avec laquelle il y aura une régression dépend des mesures barrières. Moins on va s’y plier, plus elle va durer (l'épidémie, NDLR), plus on mettra du temps à sortir de ces mesures de restriction", détaille-t-il.

En guise de conclusion, Bruno Mégarbane rappelle que le port du masque et les gestes barrière doivent être maintenus ces prochaines semaines.

"Il faut bien comprendre quel est l’objectif des mesures de restriction que nous vivons actuellement: c’est de casser les interactions sociales pour diminuer la diffusion du virus et permettre à l’hôpital de soigner convenablement les patients qui présentent des formes graves d’infection", indique-t-il. "Si tout le monde utilisait les mesures barrières on aurait une décroissance très rapide de l’épidémie. Un certain nombre de soirées illégales entretient l’épidémie alors que la quasi-totalité de la population fait le maximum pour respecter les recommandations."
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV