Ce que l'on sait sur la mort d'un contrôleur fiscal dans le Pas-de-Calais

Terrible drame ce lundi dans le Pas-de-Calais. Au Sénat, le ministre Gabriel Attal a annoncé qu'un chef de brigade de vérification de la Direction départementale des finances publiques a été tué "dans le cadre d'un contrôle fiscal".
Vers 18 heures, les gendarmes sont intervenus dans la petite commune de Bullecourt, dans le Pas-de-Calais, à quelques kilomètres d'Arras.
Ce mardi, Sylvain Barbier Sainte-Marie, le procureur de la République d'Arras, a donné une conférence de presse où il a annoncé de nouveaux éléments.
· L'ex-compagne du suspect donne l'alerte
Le procureur a donné ce mardi la chronologie du drame. Il raconte que le mis en cause avait "un dernier examen de la situation fiscale de son entreprise de brocante" ce lundi après-midi. Une démarche engagée depuis mai 2022.
Le chef de brigade de vérification de la Direction départementale des finances publiques ainsi que sa collègue, également inspectrice des finances, sont arrivés au rendez-vous à 14 heures.
Dans le cadre de ce contrôle, le brocanteur de 46 ans a ensuite appelé son ex-compagne vers 16 heures. Cette dernière est arrivée sur les lieux vers 18 heures. C'est à 18h08, qu'elle a alerté les services de la gendarmerie après avoir aperçu par la fenêtre l'inspectrice ligotée.
· Une agente séquestrée et ligotée
Sur place, les gendarmes découvrent dans le logement où s'est déroulé le drame une femme de 39 ans, assise sur une chaise, ligotée. Elle accompagnait son collègue de la DGPF, qui a donc été tué ce lundi.
Libérée par les gendarmes, elle n'a pas été blessée physiquement mais est extrêmement choquée et a été prise en charge par les pompiers.
"Elle est actuellement en cours d'audition", a précisé le procureur.
Le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, avait précisé à la mi-journée qu'elle avait "assisté au meurtre de son collègue".
· Tué de "plusieurs coup de couteau"
Non loin d'elle, les gendarmes ont découvert le corps du chef de brigade de vérification de la direction départementale des finances publiques. Son corps, sans vie, portait les stigmates de plusieurs coups de couteaux.
Selon les premières constations effectuées ce lundi soir par un légiste, l'inspecteur principal, âgé de 43 ans, est mort après avoir reçu "plusieurs coups de couteau portés dans le dos et au thorax". Il présentait également une trace d'auto-défense.
Selon Bercy, il accompagnait sa collègue pour des raisons de sécurité. Gabriel Attal a évoqué "des contrôles précédents" de ce brocanteur, au cours desquels "des situations de tension avaient pu exister".
Selon le procureur, le brocanteur a séquestré les deux agents avant de tuer l'inspecteur puis de se donner la mort par arme à feu "à bout touchant dans la poitrine". Un pistolet "de type Luger" a été trouvé à côté de son corps.
· L'enquête se tourne vers "un acte prémédité"
Une enquête a été ouverte des chefs d'assassinat et séquestration et est menée par la section de recherche de la gendarmerie des Hauts-de-France. Les autopsies seront pratiquées cette semaine. 24 heures après les faits, le procureur de la République d'Arras affirme que l'enquête semble se diriger "vers un acte prémédité".
En effet, "le mis en cause savait qu'il allait recevoir ces inspecteurs". "Des colliers de serrage", avec lesquels l'inspectrice et l'inspecteur ont été attachés, ont également été retrouvés sur place.
"Ces liens avaient été probablement achetés avant les faits", sachant qu'un rendez-vous avait été fixé pour le contrôle, a-t-il mis en avant lors d'une conférence de presse.
S'il est confirmé par l'enquête qu'il est "bien l'auteur des faits", "nous allons nous diriger vers une extinction de l'action publique", a précisé le procureur.
· Le suspect déjà connu pour des faits de droit commun
Il était connu des services de police pour des faits de droit commun. Ce dernier n'avait pas de casier judiciaire mais était connu "pour des faits de violence sur mineurs" qui "se sont manifestés par deux bousculades" ayant donné lieu à un stage sur la prévention des violences, réalisé en 2019.
Le brocanteur, divorcé et père de deux enfants, "était arrivé dans le village il y a quatre ans", a affirmé à l'AFP le maire du village, Éric Bianchin.
"Il avait acheté une ferme rue de Quéant, où il faisait des ventes chez lui. Il vidait les maisons, les vides-greniers et revendait chez lui", a-t-il ajouté, les yeux humides derrière ses lunettes.
"C'est un petit village, tout le monde se connaît. Je n'ai jamais eu de problème avec lui, il était serviable, c'était une personne lambda. Il était intégré dans le village", raconte le maire.
· Un hommage rendu au contrôleur du fisc
L'Assemblée nationale a observé ce mardi une minute de silence en mémoire de la victime. De plus, les acteurs des finances publiques rendront hommage à l’agent du fisc, ce mercredi midi, a annoncé mardi Gabriel Attal.
"Il est révoltant qu'un serviteur de l’État, de la République, des Français puisse être (...) tué parce qu'il fait son travail", a-t-il dit.