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Police-Justice

Ce que l'on sait de la dégradation d'une dizaine de stèles juives dans un cimetière de l'Oise

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Le parquet de Compiègne a ouvert une enquête pour "violation de sépulture ou monument initié à la mémoire des morts commises en raison de la race, l'ethnie, la nation, la religion." Aucune revendication n'a été retrouvée dans le cimetière.

Moulin-sous-Touvent est sous le choc. Mercredi, le service d'entretien du cimetière allemand de la Première Guerre mondiale de ce village de l'Oise, situé à mi-chemin entre Soissons et Compiègne, a découvert qu'une dizaine de stèles juives y ont été dégradées ou détruites.

• Dix sépultures visées

La découverte remonte aux premières heures de la matinée. Dans un premier temps, les employés en charge de ce lieu de mémoire, qui compte 1903 tombes à très large majorité chrétienne, repèrent une première stèle endommagée avant de comprendre l'étendue des dégradations.

"Au début ils pensaient que c'était la tempête et des branches qui avaient cassé des tombes, ça arrive régulièrement. La première, oui peut-être, mais après ils ont regardé autour d'eux et se sont rendu compte que toutes les stèles étaient à terre", détaille, à BFMTV, Maximilien Hiebenger, président de l'ASAPE 14-18, l'Association des Souterrains Allemands de Puisaleine et des Environs 1914- 1918.

Les sépultures visées sont parfaitement reconnaissables de par leur forme et les étoiles de David gravées. Certaines ont été renversées et d'autres brisées en plusieurs parties. Une autre a été déplacée sur plusieurs mètres.

Selon Anne Brocvielle, la maire de Moulin-sous-Touvent, la configuration même du cimetière ne laisse que peu de doutes sur le fait que les tombes juives ont été ciblées. "Ce qui me perturbe le plus c'est qu'elles ne sont pas dans un carré, elles sont totalement dispersées dans le cimetière donc je pense que ça a été prémédité", dit-elle.

• Enquête ouverte

Alertés, les gendarmes de l'Oise se sont rendus sur place et ont procédé à des relevés d'empreintes digitales. En parallèle, le parquet de Compiègne a ouvert une enquête pour "violation de sépulture ou monument initié à la mémoire des morts commises en raison de la race, l'ethnie, la nation, la religion."

La préfète de l'Oise, Catherine Séguin, a condamné dans ce communiqué des "actes abjects" à l'encontre "de soldats morts durant la Grande Guerre" et a adressé un "message de soutien et de paix aux descendants" des soldats dont la tombe "vient d'être profanée".

Aucune revendication n'a été retrouvée à proximité des stèles ou du cimetière. "Aucune inscription n'a été constatée sur les lieux", a indiqué le parquet. Selon la maire de la commune, le 11-Novembre, lors des commémorations qui se sont tenues, les dégradations n'avaient pas encore été effectuées.

"Nous en tant qu'association historique on espère que les coupables vont être identifiés parce que c'est intolérable", prévient Maximilien Hiebenger, toujours à notre antenne.

• Réactions indignées

Alors que les actes antisémites augmentent fortement en France depuis les attentats du Hamas en Israël le 7 octobre passé, les réactions politiques outrées se sont accumulées à la suite de ce nouvel épisode.

Emmanuel Macron a dit "condamner avec la plus grande force" les dégradations de ces stèles lors d'une conférence de presse en Suisse, rappelant son "engagement personnel" à "lutter de manière implacable et sans relâche contre toutes les formes d'antisémitisme".

Le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a lui condamné sur X un "vandalisme abject". "Face à ce fléau, la République ne doit rien lâcher", a-t-il affirmé.

"Nous demandons à la justice d'être implacable et de retrouver ces racistes et antisémites. Même les morts ne sont pas épargnés et ne peuvent se reposer en paix", a réagi la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) sur ce même réseau social, dénonçant un acte "ignoble" et "inhumain".

La secrétaire d'État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Miralles a elle aussi condamné ces dégradations "qui viennent s'attaquer à la mémoire de soldats, ici en raison de leur religion. Parce qu'ils étaient juifs. Abject".

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV