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Police-Justice

Cartes bancaires : le nombre de victimes de fraudes explose

Un quart des fraudes bancaires ont lieu au distributeur

Un quart des fraudes bancaires ont lieu au distributeur - -

Le nombre de victimes d'arnaques bancaires explose depuis un an en France. Les victimes de débits frauduleux est passé de 500 000 à 650 000 entre 2010 et 2011, soit une hausse de 30%, selon le constat d'une étude de l'Observatoire national de la délinquance.

Plus de la moitié des arnaques (52%) aux cartes bancaires sont désormais liées au commerce en ligne. En général, il s'agit de sommes peu élevées, fait valoir l'étude : 27% disent que le montant des débits est inférieur ou égal à 100 euros, 25% qu'il se situe entre 100 et 300 euros, 29% entre 300 et 1 000 euros, 19% supérieur à 1 000 euros. Pour un tiers des victimes, les opérations se font depuis l'étranger. Un peu moins d'un ménage sur deux (44%) déclare avoir déposé plainte, et 77% avoir été remboursés par la banque de l'intégralité du préjudice.

« La procédure a été assez simple »

Rym a 20 ans. Il y a 6 mois, sa carte bleue a été piratée après un achat sur le net. « J’avais acheté des places sur un site Internet et 2 ou 3 jours après, en regardant mon compte sur Internet, je me suis rendue compte qu’on avait acheté sur des sites étrangers avec ma carte bleue, pour une somme d’environ 600 euros. Donc je me suis doutée que ce n’était pas moi. J’ai tout de suite appelé ma banque. La procédure a été assez simple pour déclarer qu’on m’avait volé cette somme, et l’argent m’a été rendu quelques jours après ; ça a été très rapide et assez simple ».

« De fausses façades de distributeur »

Serge Maître, secrétaire général de l'Association française des usagers des banques, n'est pas étonné par cette hausse avec la conjoncture économique difficile du moment. « Il faut rappeler que nous sommes dans une situation économique assez défavorisée et qu’un certain nombre se laisse tenter par une fraude qui est facile, simple : on détourne un chèque, on essaie de capter une carte bancaire dans le distributeur. Il y a le skimming, qui consiste à faire de fausses façades de distributeur, ou encore on vole un chéquier, et on signe n’importe comment, n’importe quoi ».

« Il n’y a pas de contrefeux de la profession bancaire »

Pour lui, les banquiers ne font pas grand-chose pour améliorer la situation. « Les banquiers nous donnent le sentiment de sacrifier véritablement la sécurité à la profitabilité. En d’autres termes, il n’y a pas véritablement de contrefeux faits par la profession bancaire. Un exemple simple : devant les distributeurs de billets, les banquiers avaient affirmé il y a près de 10 ans qu’ils mettraient une bande de confidentialité au sol, pour préserver la confidentialité, et bien on n’a jamais vu ces bandes être appliquées ».

« Les criminels sont rusés »

Les arnaques n'ont pas seulement lieu sur Internet. Un quart des victimes se font piéger au distributeur automatique, lorsqu'elles retirent des billets. C’est le cas de Marine, 21 ans. Il y a un an, elle retire de l'argent dans un distributeur parisien, mais elle introduit sa carte dans un faux lecteur greffé sur l'appareil, et son compte est piraté. « On a pu lire mon numéro de carte et effectuer des paiements à partir de mon compte, pour des billets d’avion ». Sur le coup, elle ne se doute de rien, puis reçoit un appel de sa banque. « Les retraits étaient tellement importants que sur mon compte, ce n’est pas passé, et la banque s’est inquiétée et m’a demandée pourquoi les paiements provenaient d’Afrique du Sud ».
Les précautions à prendre pour éviter de telles arnaques sont nombreuses, mais le risque est toujours possible, car les fraudeurs sont rusés, comme l'explique Christophe Soullèz, responsable de l'observatoire de la délinquance : « Il faut voir si le distributeur est conforme à ce qu’on voit habituellement, si on ne voit pas de micro caméra cachée. Les criminels sont très rusés, et parfois plus que ceux qui protègent ». Les auteurs d'escroqueries bancaires risquent jusqu'à 5 ans de prison et 375 000 euros d'amende.

J.V. avec Guillaume Robelet