"C’est une probabilité forte": la justice se prononce sur le retour en prison des Balkany

S'agit-il d'un rebondissement de plus dans un feuilleton judiciaire qui en regorge ou d'une fin de parcours? Ce jeudi, à 13h30, la Cour d'appel de Rouen se prononcera en dernière instance sur la révocation du placement sous bracelet judiciaire des époux Balkany. Et donc sur leur éventuel retour en prison - ou dans le cas d'Isabelle Balkany, son premier séjour derrière les barreaux.
Le couple politico-médiatique ayant longtemps régné en maîtres sur la mairie de Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine risque en effet de payer ses nombreuses transgressions aux règles attachées à cette mesure leur évitant l'incarcération. Ils avaient au préalable été condamnés à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale et à, respectivement, cinq ans de prison pour l'ancien maire et quatre ans pour son épouse et ex-adjointe pour blanchiment de fraude fiscale.
Invité ce jeudi sur notre plateau, le journaliste d'investigation de Marianne, et auteur de L'enquête Balkany, Laurent Valdiguié, a éclairé les raisons de ce revirement judiciaire. Pour lui, il est en effet "fort probable" que les deux anciens élus trouvent ou retrouvent l'univers carcéral.
Un long feuilleton
Leur peine de trois ans de prison ferme pour fraude fiscale, confirmée en appel en mars 2020, avait été transformée en neuf mois de placement sous bracelet électronique par le juge d'application des peines. Mais cette mesure, alternative à la détention, n'a jamais paru aussi proche d'être obsolète. Le 17 décembre dernier en effet, après que l'accessoire a sonné lors d'une centaine d'occurrences ou incidents, elle a en effet été révoquée par la justice. Révocation dont le parquet a demandé confirmation le 24 janvier dernier, tandis que les Balkany, eux, contestaient officiellement la décision.
C'est donc à la Cour d'appel de Rouen qu'il revient désormais de trancher et sa décision tombera dès ce jeudi 13h30. De deux choses l'une: soit elle rend un verdict favorable à ces anciennes figures de la politique locale et nationale, et leurs avocats se verront notifier la date d'un rendez-vous destiné à les équiper à nouveau de l'outil de traçage, soit elle prend l'arrêté inverse et les envoie en prison. Selon nos informations, Patrick Balkany pourrait alors retourner à la prison de La Santé à Paris, où il avait été enfermé entre les 13 septembre 2019 et le 12 février 2020, tandis qu’Isabelle Balkany pourrait prendre le chemin du centre pénitentiaire de Fresnes ou de Fleury-Mérogis.
Sur notre plateau, Laurent Valdiguié, auteur de L'enquête Balkany, rappelle les conditions de cette assignation à résidence.
"Le juge d’application des peines avait fixé des règles: ils avaient un bracelet à la cheville, avec interdiction de sortir de leur maison, leur ‘moulin’ avant 14h et après 18h."
Le bracelet envoyait donc son signal s'ils étaient pris en-dehors de leur résidence normande de Giverny où ils sont assignés avant et après l'ouverture de cette fenêtre. Or, il a retenti une centaine de fois.
Chiens, poules, renard... puis voitures
Le journaliste d'investigation de l'hebdomadaire Marianne est entré dans le détail de ces multiples dépassements... et de la défense alors présentée par les Balkany pour se justifier.
"Ils se sont plaints en disant: ‘Le matin, il faut bien qu’on ouvre au facteur. On a trois chiens, il faut bien qu’on aille les chercher le soir.’ Ils ont des poules qui se font manger par le renard… Ils ont expliqué plein de choses", a illustré Laurent Valdiguié.
Après le bestiaire, et la justice constatant que non seulement il continuait à déborder mais plus largement encore, le couple s'est retourné contre la mécanique.
"Une fois, Patrick Balkany a eu une panne sur l’autoroute, une autre fois, Isabelle Balkany a été prise dans les bouchons en rentrant des courses", a poursuivi notre invité.
Qu'à celà ne tienne, Patrick et Isabelle Balkany ont ensuite accepté de satisfaire à un stage de citoyenneté, écoutant deux jours de suite un procureur décrypter devant eux et une dizaine d'autres délinquants le fonctionnement de la justice pénale, et un inspecteur des impôts le sens de la fiscalité.
"Malgré tout ça, ils ont eu quelques mots – notamment Isabelle Balkany– avec leur juge d’application des peines, ça a été un peu tendu. La justice a estimé que ça nécessitait la révocation de cette mesure de placement", a encore exposé Laurent Valdiguié.
L'état de santé contre La Santé?
C'est ce canevas qui fait qu'aujourd'hui, les Balkany peuvent craindre de devoir troquer un port du bracelet électronique arrivant à échéance en mars contre un purgatoire pénitentiaire de trois ans.
"Leur avocat a plaidé et le parquet a demandé leur incarcération. Ils s’attendent, les époux Balkany, c’est une probabilité forte pour eux à ce que la révocation de leur placement sous bracelet électronique se transforme en peine de prison", a en effet corroboré Laurent Valdiguié.
Celui-ci a toutefois noté que les septuagénaires allaient peut-être tenter une ultime échappatoire: "Ils ont 73 ans. Peut-être qu’ils plaideront, à la dernière seconde, des problèmes de santé."
