Procès de Rédoine Faïd: une enquête va être ouverte après la diffusion par erreur du visage d'un accusé

L'audience une nouvelle fois perturbée. Ce vendredi, le procès de l'évasion de Rédoine Faïd a été suspendu jusqu'à lundi matin. La conséquence du bug technique qui s'est produit la veille et qui a dévoilé le visage d'un des accusés qui comparait derrière un paravent depuis le début des débats en raison de son changement d'identité.
Jeudi en fin d'après-midi, l'homme était interrogé par la cour d'assises de Paris sur le supposé projet d'évasion de la prison de Fleury-Mérogis élaboré par Rédoine Faïd en 2017. Pendant l'instruction, il avait reconnu avoir joué le rôle d'intermédiaire entre la famille Faïd et Jacques Mariani pour ce projet d'évasion avorté - ce que les deux contestent.
Mais une erreur s'est produite et son visage est apparu sur les écrans disposés dans la salle d'audience pour permettre au public et journalistes de suivre les débats. Le parquet de Paris a annoncé ouvrir une enquête pénale alors qu'une capture de l'écran montrant le visage de l'accusé a été diffusé sur les réseaux sociaux. "Le parquet de Paris, avisé oralement des faits, ouvrira une enquête dès réception des éléments constatés", a-t-il confirmé.
La brigade de répression de la délinquance faite aux personnes et la brigade de lutte contre la cybercriminalité sont chargées des investigations.
Une enquête administrative a également été lancée.
"On le voit!"
"On le voit!", a-t-on entendu crier dans la salle jeudi, sans que la cour ne se rende tout de suite compte du problème. L'accusé de 48 ans est resté à l'écran pendant plusieurs minutes, avant que des gendarmes et même son avocate ne tentent maladroitement de le cacher avec un pan du paravent ou même leurs corps. Une autre avocate a tenté d'intervenir avec un bout de tissu. L'audience a été suspendue et la salle évacuée.
D'importantes mesures ont été prises depuis le début du procès pour que le visage de cet homme, qui a changé d'identité, tout comme sa famille, n'apparaisse nulle part. Il arrive toujours avant l'ouverture de la salle au public, repart après. Lors des suspensions d'audience, la salle est systématiquement vidée pour qu'il puisse sortir en toute discrétion et il comparait libre derrière un paravent. Quand il s'était avancé devant la cour pour son interrogatoire de personnalité au début du procès, le paravent avait été déplacé devant la barre pour le protéger.
La justice ouvre une enquête
À la reprise des débats ce vendredi matin, les conseils des douze accusés de ce procès ont plaidé. L'avocate de cet accusé a demandé un report de l'audience, estimant ne pas être en mesure d'assister son client. D'autres estiment, à l'inverse, que les accusés, ceux qui comparaissent libres, comme ceux qui sont dans le box en raison des déclarations de cet homme, connaissaient déjà son visage.
Mais pour la présidente de la cour d'assises, la présence de l'avocate de l'accusé est indispensable pour continuer à interroger cet homme. Elle a donc pris la décision de suspendre jusqu'à lundi.