Brétigny : la justice confirme « vols » et « jets de projectiles »

13 jours après la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge qui a fait 6 morts, la justice a confirmé mercredi soir l'existence de « vols » et de « jets de projectiles » sur les secours, juste après l'accident. « Quand on fait ce métier, il ne faut pas trop réfléchir », expliquent des pompiers.

Malgré la confusion qui a pu régner pendant les opérations de secours après le déraillement du train en gare de Brétigny dans l’Essonne le 12 juillet dernier, la justice a pu confirmer mercredi des jets de projectiles et des vols sur des passagers. Selon le procureur de la République d'Evry, Eric Lallement, « deux passagers ont été dévalisés et un médecin du Samu s'est fait voler son portable ». Des pierres ont également été lancées en direction de cinq pompiers, ainsi que « deux canettes » lors d'une autre intervention des CRS. Par ailleurs une autre information judiciaire est ouverte pour identifier une ou deux personnes filmées par une caméra vidéo en train de sortir de la gare avec un bagage, alors qu'elles n'en avaient pas en entrant. Cette confirmation de vol intervient alors que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, avait tenté de relativiser les rumeurs de scènes de pillages dont certains témoins faisaient état.

« Fils de pute, sale blanc »

Eric (le prénom a été modifié – ndlr) est pompier professionnel en Ile-de-France. Il était à Brétigny le jour de l’accident et a activement participé aux secours. Il est arrivé très tôt sur la scène du drame, et à son arrivée, des jeunes très agressifs étaient là. « Je n’ai pas arrêté de me faire insulter dans tous les sens : fils de pute, sale blanc.. Sale blanc je me le suis pris dans la gueule plusieurs fois. Et puis à un moment il y en a un de nous qui a dit : regardez là-haut, ils jettent des pierres. J’ai des collègues qui en ont pris sur le casque. Non, ce ne sont pas des illusions. Ça existe. Il y a longtemps qu’on n’en pense plus rien. Depuis 15 ans, j’en ai vu d’autres… des boules de pétanque, par exemple. Vous savez, dans ce métier il ne faut pas trop réfléchir sinon vous faites autre chose. Quand je pars travailler, je laisse mon cerveau à la maison, sinon… »

« Pas humain de caillasser les pompiers »

Pierre (le prénom a été modifié - ndlr) est lui aussi pompier professionnel. A Brétigny, il est arrivé quand la situation avait déjà dégénéré. « Au début, c’était tendu. Des collègues s’étaient faits caillasser, ils avaient reçu des pierres. Je trouve cela misérable de profiter de cette situation dramatique. Caillasser les pompiers, ce n’est pas humain. Notre métier, c’est de sauver des gens, pas de recevoir des jets de pierre. Après, ce sont des choses dont on a l’habitude quand on intervient dans les cités. Les jeunes nous jettent des chosent, frappent dans les portières pour nous impressionner, mais ils ne comprennent pas qu’on vient pour faire notre métier ».

Information judiciaire pour « homicides et blessures involontaires »|||

Le parquet d'Evry a ouvert par ailleurs une information judiciaire pour « homicides » et « blessures volontaires ». L'enquête a été confiée à trois juges d'instruction. « A priori aujourd'hui, l'acte de malveillance est écarté », a déclaré le magistrat, pour qui le basculement d'une éclisse « semble être à l'origine de la catastrophe ». Reste à savoir pourquoi cette éclisse s'est dévissée.

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La Rédaction

Tugdual de Dieuleveult avec JB. Durand