Boulogne-sur-Mer: deux ans de prison ferme requis contre le "Madoff boulonnais"

Photo d'illustration - AFP
Cinq ans de prison dont deux ferme ont été requis jeudi à l'encontre de Serge Lévêque, un sexagénaire surnommé le "Madoff boulonnais", un "escroc escroqué" qui "assume" et "regrette" d'avoir détourné 9 millions d'euros en promettant des placements juteux aux clients de sa société de courtage.
Poursuivi pour escroquerie en bande organisée, le prévenu de 61 ans était jugé jeudi devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer pour des faits commis entre 2001 et 2012. Au total, 72 personnes ont porté plainte. Mais l'escroc supposé en aurait arnaqué environ 90.
Le procureur a également requis à son encontre l'interdiction définitive d'exercer toute profession de banquier, courtier en assurance ou gestionnaire de fonds. Le jugement sera rendu le 9 avril prochain.
"J'assume complètement"
"J'ai voulu faire capitaliser 170.000 euros. J'ai tout perdu", a déploré jeudi Alain, l'un des plaignants présents à l'audience. "Je suis arrivé à la fin de ce qu'on appelle la chaîne de Ponzi. L'argent que je lui ai confié a servi à renflouer les personnes arnaquées avant moi".
La pyramide a vacillé lorsqu'un premier couple, souhaitant récupérer l'argent investi, a déposé plainte en octobre 2010.
"J'assume complètement et je regrette infiniment", a déclaré Serge L., en ouverture de ce procès qui doit permettre de comprendre comment cet homme "intelligent", au casier judiciaire vierge, risque jusqu'à 7 ans de prison.
Ancien banquier, puis assureur, l'homme a profité de son "excellente réputation" pour créer la société "VIP Consultant" en 1997 avec son associé, agent d'assurance GAN à Draguignan (Var) - qui s'est suicidé en 2011 quand les enquêteurs ont commencé à remonter à lui.
"J'ai tout perdu, tout simplement, a déclaré une victime au micro de BFM Grand littoral. J'ai pas eu de chance car je suis arrivé en bout de chaîne. L'agent que j'ai déposé a servi à renflouer les avants derniers, et moi je suis tombé dans le mouvement."
"Je suis rongé par les remords"
Quand à Serge Lévêque, il a assuré face au tribunal regretter ses actes.
"Aujourd'hui, je suis rongé par les remords. J'ai une vie de merde. J'ai perdu ma famille, j'ai perdu mon patrimoine. Je n'ai plus rien. Juste mes yeux pour pleurer", a-t-il lâché.
Le "Madoff boulonnais n'était pas le seul jugé jeudi dans cette affaire. Alors qu'il recherchait de nouveaux clients à qui confier l'argent de ses précédentes victimes, Serge Lévêque a rencontré en 2004 Jean-Bernard B. L'homme d'affaires lui parle d'une mine d'or en Afrique et lui présente "des documents tamponnés par le gouvernement et les services douaniers du Burkina Faso" faisant état d'un stock d'or.
Serge L. lui envoie l'argent de ses clients, mais ne reçoit jamais rien en retour. Selon son avocate, Me Fabienne Roy-Nansion, le prévenu qui risque deux ans de prison ferme a fait preuve de "naïveté" et est "un escroc escroqué" dans "une affaire digne d'OSS 117". Cinq ans de prison ferme ont été requis à l'encontre de Jean-Bernard B. qui, introuvable, fait l'objet d'un mandat d'arrêt depuis mai 2019.