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Police-Justice

Booba placé sous contrôle judiciaire avant d'être jugé à Paris pour le cyberharcèlement d'une journaliste et d'un essayiste

Le rappeur Booba a été déféré le 9 septembre et placé sous contrôle judiciaire (ILLUSTRATION)

Le rappeur Booba a été déféré le 9 septembre et placé sous contrôle judiciaire (ILLUSTRATION) - ROMAIN PERROCHEAU

Le rappeur Booba va être jugé à Paris pour "injures aggravées par la discrimination" et "cyberharcèlement" à l'encontre de la journaliste Linh-Lan Dao et de l'essayiste Tristan Mendès-France.

Booba à nouveau devant la justice pour une affaire de cyberharcèlement. Le rappeur a été déféré le 9 septembre et placé sous contrôle judiciaire, poursuivi pour le harcèlement d'une journaliste et d'un essayiste sur les réseaux sociaux, a appris BFMTV auprès du parquet de Paris ce jeudi 11 septembre.

Elie Yaffa de son vrai nom va être jugé pour "injure aggravée par la discrimination" à l'encontre de Tristan Mendès-France, maître de conférences associé en cultures numériques à l’Université Paris Cité et essayiste spécialiste des radicalités en ligne.

Il est reproché à Booba d'avoir publié sur X en janvier 2024 un message antisémite destiné à Tristan Mendès-France, où il était écrit "il est nez avant la honte", des propos accompagnés d’une photographie de l'essayiste accolée à une photographie du tueur en série Francis Heaulme.

Tristan Mendès-France affirmait notamment que le rappeur avait régulièrement relayé des thèses conspirationnistes sur les réseaux sociaux ces dernières années. Pour ce délit, Booba encourt une peine d'un an de prison et 45.000 euros d'amende.

La présence de Booba à l'audience incertaine

"C'est une chambre spécialisée en droit de la presse qui va connaître cette affaire", a indiqué Gilles Vercken, l'avocat de Booba à BFMTV. "[Mon client] est parfaitement serein et réserve ses explications au tribunal", dit l'avocat. Pour autant, ce dernier a refusé de préciser si son client serait présent ou pas à cette audience.

Sollicité par l'AFP, Tristan Mendès France a précisé ne pas être à l'origine de la procédure, ni avoir l'intention de se porter partie civile dans ce dossier. "Avec son empreinte sur X, ses messages ont déclenché un flot spectaculaire de commentaires antisémites", a-t-il précisé.

"Il faut avoir une culture historique lamentable pour ne pas se rappeler des attaques antisémites contre le nom Mendès France et particulièrement Pierre Mendès France", président du Conseil sous la IVe République, "dont l'effigie avait été brandie lors de l'exposition pétainiste sur les juifs", a-t-il ajouté.

Un message raciste contre une journaliste

Le rappeur est également poursuivi pour "cyberharcèlement" et "injures aggravées par la discrimination" envers la journaliste Linh-Lan Dao. Lui sont reprochés un message raciste, également sur X, et plusieurs autres messages virulents au sujet de la journaliste, toujours en janvier 2024.

Ilana Soskin, l'avocate de Linh-Lan Dao, a indiqué à l'AFP que sa cliente se constituera partie civile à l'audience. "Le harcèlement qu'elle a subi et les injures à raison de son origine qui ont été proférées par Booba, suivies et relayées par des centaines d'internautes, ne peuvent rester impunis", a-t-elle déclaré.

Le contrôle judiciaire de Booba lui interdit notamment d'entrer en relation de quelque façon que ce soit avec les victimes. Il a été convoqué pour une audience concernant ces deux dossiers le 3 décembre. La peine encourue pour "cyberharcèlement" est de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.

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Booba a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en 2023 pour cyberharcèlement à l'encontre de l'agente d'influenceurs Magali Berdah, et placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour des menaces de mort et recel d'une infraction d'atteinte à l'intimité. En outre, 28 personnes ont été condamnées en mars dernier à Paris pour avoir participé au cyberharcèlement "en meute" de Magali Berdah.

Après avoir continué à publier des messages interpellant Magali Berdah sur les réseaux sociaux, Booba avait été rappelé à l'ordre en janvier 2024 par la justice qui lui a intimé de respecter les mesures prévues par son contrôle judiciaire.

De son côté, l'artiste avait porté plainte contre Magali Berdah pour pratiques commerciales trompeuses, mais l'enquête avait été classée sans suite en mars par le parquet de Paris. Il avait également porté plainte pour diffamation contre elle, visant des messages où elle dénonçait le harcèlement dont elle fait l'objet, avant de se désister en mars dernier.

C.L et S.C