Béziers : un meurtrier présumé remis en liberté

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A Béziers, la libération d'un meurtrier présumé provoque une vive émotion. Alors qu’il n’a pas toujours pas été jugé, le meurtrier présumé d’un adolescent de 17 ans dans l’Hérault en 2010, a été libéré après deux ans de détention provisoire. La famille de la victime, tuée de sept coups de couteaux lors d’une fête votive, dénonce la lenteur de l'instruction à Béziers.
«Un garçon potentiellement dangereux»
« Le problème, c'est qu'on remet en liberté un garçon considéré, selon les experts, comme potentiellement dangereux car il peut recommencer », a averti de son côté René Mouginot, l’oncle de Thomas, la victime, ajoutant que le suspect « a fait parler de lui, même en détention, et a déclaré en cours de procédure qu'il voulait faire le djihad ».
Il y a quelques semaines, le meurtrier présumé, aujourd'hui majeur, était parvenu à introduire en prison un téléphone portable et à publier sur son profil Facebook une photo le montrant torse nu dans sa cellule à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault). Une enquête a été ouverte sur ces faits par le parquet de Montpellier.
« La justice nous tourne le dos »
Pauline Laché est la petite sœur de Thomas. Elle est bouleversée par cet événement et a du mal à comprendre : « On vit un calvaire. On a un meurtrier qui s’est acharné sur mon frère pour une simple histoire de fille et on le laisse en liberté ? On a beaucoup de colère contre la justice car elle n’a pas fait son travail correctement. Elle avait un délai a respecter qu’elle n’a pas respecté. Du coup, nous, on en paye les conséquences et le meurtrier de Thomas est en liberté. On a toujours fait confiance à la justice et là, elle nous tourne le dos. On ne sait plus quoi faire ».
Une remise en liberté avant jugement car… c’est la loi
La période maximale d’une détention provisoire pour un mineur, est de deux ans. Et à l’époque des faits le meurtrier présumé de Thomas était âgé de 17 ans. La famille crie au scandale et leur avocat dénonce la lenteur de la justice. Selon lui, il a fallu un an et demi rien que pour reconstituer le scénario du crime. Un comble, s’agace l’avocat de la famille alors que le meurtrier présumé a avoué les faits immédiatement durant sa garde à vue, le soir même du drame. « Aujourd’hui, c’est un homme dangereux qui est dehors », explique l’avocat. La famille de la victime devra désormais attendre le procès devant les assises de l’Hérault. Il devrait avoir lieu dans un an et demi sauf si le parquet décide de l’avancer. Ce que la famille de la victime va évidemment demander.
« Qu’on ne vienne pas dire que c’est de la faute de la justice »
Christophe Regnard, président de l’ Union Syndicale des Magistrats USM estime qu'attaquer la justice est un raccourci un peu simple: « Je constate que des procédures de cette nature, criminelles, complexes, avec des expertises psychiatriques nombreuses prennent nécessairement du temps car il y a des délais incompressibles. La fin de l’instruction est particulièrement longue. Et comme parallèlement, le nombre de magistrats est en baisse, on se retrouve dans ce genre de situation. Je n’accepte pas qu’on vienne dire que c’est de la faute de la justice. C’est la faute de ceux qui n’ont pas été capables de nous donner les moyens de travailler dans des conditions correctes ».