Bettencourt: nouvelle bataille dans la guerre contre l'expertise

Eric Woerth et Nicolas Sarkozy, tous deux mis en examen dans l'affaire Bettencourt. - -
La troisième devrait être la bonne: mardi, devant la Cour d'appel de Bordeaux, après deux reports, Nicolas Sarkozy et les autres mis en examen de l'affaire Bettencourt tenteront de faire reconnaître des failles procédurales dans l'instruction. L'expertise médicale qui est la clé de voûte du dossier est particulièrement visée par cette action.
Les liens entre le juge Gentil et un expert au coeur des débats
Cette audience à huis clos devant la chambre de l'instruction est, pour la défense, l'ultime opportunité de trouver des motifs de forme pour faire annuler les mises en examen prononcées par les juges d'instruction Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël.
Parmi les mis en examen figurent l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, son ex-trésorier de campagne et ancien ministre, Eric Woerth, l'ancien homme de confiance de la milliardaire, Patrice de Maistre, le photographe François-Marie Banier qui était le grand ami de l'héritière de l'Oréal et l'homme d'affaires Stéphane Courbit.
Leurs défenseurs pilonnent depuis deux mois, dans l'espoir de la faire annuler, les conditions de l'expertise, réalisée par cinq spécialistes au domicile de Liliane Bettencourt, à Neuilly-sur-Seine.
Fin mai, la défense a, en particulier, relevé que Sophie Gromb, le médecin le plus impliqué dans l'expertise - elle en a rédigé la synthèse - était témoin au mariage des Gentil: une proximité de nature, selon eux, à mettre en doute l'impartialité du médecin.
Deux neurologues n'étaient pas inscrits en tant qu'experts
Le Figaro a aussi révélé vendredi que les deux neurologues qui ont participé à l'expertise n'étaient pas inscrits sur la liste des experts de la Cour d'appel de Bordeaux. Ceux qui sont inscrits n'étaient pas disponibles, a écrit le juge Gentil. Or, questionnés par huissier à la demande de la défense, ces derniers ont assuré n'avoir jamais été contactés par le juge pour cette mission.
"Le juge a écrit des contrevérités dans une ordonnance... ce qui s'appelle un faux", s'est ému dans le journal un de ces avocats, sous couvert d'anonymat.
Jusqu'à ce dernier rebondissement, sur lequel il n'a pas encore fait connaître son opinion, le parquet général de Bordeaux n'a pas soutenu les demandes d'annulation de l'expertise. Il relativise les liens entre Sophie Gromb et Jean-Michel Gentil, soulignant qu'elle fait partie d'un groupe de cinq experts, et que Jean-Michel Gentil travaille en collégialité avec deux collègues.
L'arrêt de la chambre de l'instruction n'est pas attendu avant fin juillet, voire en septembre.
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