Besoin de souffler, réseaux sociaux: pourquoi les fêtes sauvages se succèdent à Paris
Deux fêtes sauvages en deux jours, au même endroit. Depuis jeudi, l'esplanade des Invalides à Paris est le théâtre d'immenses rassemblements, majoritairement de jeunes, non masqués, et sans distanciation sociale. Après des dispersions dans le calme vendredi de la part des forces de l'ordre, la fête organisée samedi a été marquée par des échanges de projectiles et de gaz lacrymogène. Une vidéo montrant des individus encercler et sauter sur une voiture occupée par une femme a également marqué les esprits.
Mais comment ces fêtes sauvages s'expliquent-elles, en dépit du couvre-feu toujours en vigueur en France ? Ce type de rassemblements se répètent, pas uniquement à Paris, et on ne peut plus parler de simples petites fêtes qui dérapent.
Le problème de la spontanéité
Déjà en juin 2020, sur la même esplanade des Invalides, une "soirée Projet X" du même type avait été organisée, en référence à ce film américain de 2012, dans lequel les protagonistes organisent une fête géante à leur domicile. Souvent, les rendez-vous de ce genre s'organisent sur les réseaux sociaux, de manière assez spontanée, ce qui rend les événements peu prévisibles, comme l'expliquait ce dimanche matin Guillaume Farde, consultant sécurité de BFMTV:
"Il y a des personnes qui pique-niquent le soir sur l'esplanade des Invalides en petits groupes, on ne va pas le leur interdire, c'est autorisé. Et puis, spontanément arrivent des centaines de personnes, parfois des milliers de personnes, et là ça devient compliqué pour les forces de l'ordre."
Des situations pénibles et qu'il faut viser à empêcher donc, puisque certaines des personnes présentes sur place au préalable viennent s'ajouter à la foule qui arrivent sur place, comme a pu le constater ce samedi le journaliste de BFMTV dépêché sur les lieux, Angy Louatah:
"Il y a aussi les gens qui viennent tout simplement parce qu'ils voient un peu de monde sur la pelouse de l'esplanade des Invalides, et que traditionnellement on se réunit ici entre amis, on achète une bouteille et on forme des petits groupes. Ensuite vient le moment où ça devient "sauvage" car dans le contexte sanitaire, lorsqu'on ne porte pas de masques et qu'on se saute dans les bras ça devient plus qu'une simple fête, mais c'est avant tout festif".
"Besoin de souffler"
Une volonté de provoquer et de braver l'interdit de la part des jeunes qui participent? Peut-être. En tout cas, les principaux concernés, eux, justifient leur participation par un besoin de "souffler" et de "profiter" après plus d'un an de restrictions sanitaires. Nombreux sont ceux à expliquer avoir besoin de se "défouler" après l'examen du bac. Un ras-le-bol des plus jeunes, finalement assez prévisible, mais qui inquiète les autorités. Pour elles, un enchaînement de ces soirées pourrait créer un effet domino et avoir une conséquence directe sur les cas de coronavirus. Pour Bruno Mégarbane, chef du service réanimation à l'hôpital Lariboisière à Paris, il faut en tout cas rester vigilant:
"Plus on va mettre de personnes d'horizons différents ensemble, plus on va multiplier le risque de contamination. Bien sûr le niveau baisse, mais le risque c'est qu'au lieu de se diriger vers ce que tout le monde souhaite, le Covid 0, on stagne sur un plateau de contamination".
Même son de cloche pour Frédéric Adnet, directeur général du SAMU de Seine-Saint-Denis, qui préfère néanmoins rester optimiste quant à la suite de ce type d'événements:
"Ce qui m'inquiète un peu moins, c'est que ces débordements ont lieu en plein air, et on sait qu'en plein air la transmission est peu probable, beaucoup plus faible que dans un milieu confiné, ça a un côté rassurant (...). Je ne pense pas que ça va durer, on a ces phénomènes là qui sont de toute manière prévisible, et puis les choses vont se calmer."