Belgique : l'auteur d'un quadruple meurtre à l'arbalète a été libéré

En 1997, Rémy Lecrenier a assassiné sa compagne de deux balles dans la tête et une flèche dans le cœur. - DIRK WAEM / BELGA MAG / BELGA
Le Belge Rémy Lecrenier, condamné à la prison à perpétuité en 1999 pour un quadruple meurtre, a quitté sa cellule de la prison d'Andenne ce lundi au petit matin, après seulement 19 ans de détention.
L'affaire avait profondément choqué la Belgique. Le 7 juillet 1997, dans le petit village de Bas-Oha, près de Liège, Rémy Lecrenier, alors âgé de 28 ans, tuait sa petite-amie, Vinciane Tellier, ainsi que la mère et les deux sœurs de celle-ci. Si sa mère et ses deux sœurs meurent sous les balles du Colt 45 de Lecrenier, Vinciane, 23 ans, est violée, abattue de deux balles dans la tête puis achevée d'une flèche d'arbalète dans le cœur. Cinq jours plus tard, grâce au signalement de touristes belges, Rémy Lecrenier est interpellé, après une brève cavale, dans un camping de Ramatuelle, au sud de la France, puis extradé vers la Belgique.
Dès les prémices de l'enquête, sa culpabilité ne fait aucun doute. Le pistolet et l'arbalète qui ont servi au crime sont retrouvés dans le coffre de sa Volkswagen bleue. Lecrenier reconnaît rapidement les meurtres, invoquant sa rupture comme mobile. En revanche, l'amoureux éconduit réfute la préméditation. En dépit de l'évidence: il avait pris ses dispositions pour déménager le jour même et avait retiré toutes ses économies de son compte en banque.
Quatre permissions de sortie en 2015
Jugé par la cour d'assises de Liège, Rémy Lecrenier a été condamné à la prison à perpétuité en 1999 et incarcéré à la maison d'arrêt d'Andenne. Il a effectué sa première demande de remise en liberté en 2007, seulement dix ans après son crime. Jusqu'ici, ses demandes avaient toutes été rejetées par le tribunal d'application des peines, qui lui avait tout de même accordé quatre permissions de sortie en 2015.
"Ce n'est pas une libération, c'est une détention sous surveillance électronique", explique aujourd'hui l'avocat de Rémy Lecrenier, Xavier Mercier. La sortie de son client, aujourd'hui âgé de 46 ans, est en effet soumise à des conditions strictes. Contraint de porter un bracelet électronique, donc, il est également interdit de séjour dans la région bruxelloise, où vit la sœur aînée des victimes. Il devra par ailleurs faire l'objet d'un suivi thérapeutique et s'astreindre à une formation professionnelle. "Ces conditions feront l’objet d’évaluations de la part du TAP, qui réévaluera la situation dans un an. Le tribunal pourra alors décider (...) de poursuivre la détention sous bracelet, de renvoyer Rémy Lecrenier en prison ou de le libérer conditionnellement", a précisé son avocat, cité par Le Soir.
"Il était dangereux et il est encore dangereux"
Selon Me Mercier, Rémy Lecrenier a changé en prison. "C'est quelqu'un qui éprouve des remords profonds et qui va les éprouver jusqu'à la fin de ses jours. C'est aussi quelqu'un qui souhaite se réinsérer dans la société", a-t-il confié à la RTBF.
De son côté, l'avocat des parties civiles est plus sceptique. "Il existe dans le dossier de Lecrenier des éléments ou des rapports de psychologue et de psychiatre qui laissent à penser qu'il était dangereux et qu'il est encore dangereux", a-t-il déclaré.
La sortie de prison de Rémy Lecrenier est très mal vécue par la famille des quatre victimes. Philippe Tellier, le père de Vinciane, décédé d'un cancer en 2013, avait fait du maintien en détention du tueur et de l'instauration de peines incompressibles le combat d'une vie.