"Beaucoup de flammes", "fumées plus toxiques": les batteries de trottinettes électriques au coeur de l'enquête sur l'incendie meurtrier à Reims

Quatre personnes sont mortes à Reims dans la nuit de jeudi à vendredi dans l'incendie d'un immeuble HLM. Le feu a été déclenché par une batterie électrique de trottinette.

Un bilan lourd après un banal accident domestique. Quatre personnes sont mortes dans l'incendie d'un immeuble à Reims, dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 juin, en raison d'une batterie de trottinette électrique, a indiqué ce samedi le procureur de la République de Reims en conférence de presse.

"Les incendies qui sont provoqués par ce type de batteries (...) sont extrêmement difficiles à éteindre, puisque les cellules ont tendance à s'auto-entretenir lorsqu'elles brûlent, ce qui explique la violence et la rapidité de propagation de l'incendie", a mis en garde le procureur de la République de Reims Frédéric Schneider.

De fait, le lieutenant-colonel Ludovic Pinganaud, ex-pompier, expert en gestion de crise et fondateur du cabinet Atrisc, spécialisé dans la gestion de risques, explique sur le plateau de BFMTV que ces batteries s'enflamment plus facilement.

"C'est un mode de combustion très particulier qui se fait par emballement thermique, c'est-à-dire que quand la batterie commence à chauffer, à un moment donné, ça va s'enflammer", dit-il.

Des fumées particulièrement toxiques

L'ancien sapeur-pompier explique que le feu produit a un "potentiel calorifique très fort", donnant "beaucoup de flammes" et des "fumées plus toxiques que ce qu'on pourrait rencontrer dans un feu classique d'appartement".

"À partir du moment où le feu va démarrer, on ne peut plus s'approcher" en raison de sa dangerosité, assure Ludovic Pinganaud.

Au fonctionnement spécifique des batteries électriques, les rendant très inflammables, s'ajoute une fréquente conception de faible qualité. "Certaines batteries ont été fabriquées en Chine avec des niveaux de sécurité qui peuvent être assez limités", met en garde le lieutenant-colonel, appelant à se méfier des produits vendus sur Internet "à des prix attractifs certes, mais qui sont souvent fabriqués en Asie et malheureusement souvent dangereux".

Des engins trafiqués?

Mickael Genah, responsable développement chez Moovrider, une entreprise de vélos et trottinettes électriques, balaye cependant tout risque inhérent à ces modes de transport.

"Les trottinettes sont à risques autant que tout ce qui est équipé de batterie, comme des téléphones, des ordinateurs", dit-il, assurant que ces appareils ont des normes qui sont respectées "en tout cas en France".

"Le problème vient que beaucoup de gens trafiquent leur trottinette, essayent d'améliorer la capacité de la batterie et donc ça crée beaucoup de problèmes autour de la sécurisation", estime-t-il.

Conserver l'appareil hors de chez soi, éviter la surchauffe...

Pour éviter les accidents, tous deux recommandent fortement d'éviter de garder sa trottinette ou son vélo électrique chez soi et de le ou la mettre dans sa cave, dans une boxe sécurisée ou un local fermé.

"Une fois que la batterie est chargée à 100%, il faut débrancher le chargeur", ajoute Mickael Genah.

Ce dernier conseille aussi d"'éviter les chocs pour la batterie" et assure que "dès que la trottinette a eu un petit choc, (il faut) l'apporter à un professionnel".

"Évitez d'empiler les prises, les multiprises les unes sur les autres. En général, c'est de là que partent les courts-circuits", juge aussi Ludovic Pinganaud.

Plus de 300.000 incendies domestiques surviennent chaque année en France, causant 460 décès et 10.000 blessés par an, selon des chiffres des sapeurs-pompiers de 2021.

Juliette Desmonceaux