Balcons effondrés à Angers: cinq prévenus devant la justice à partir de mercredi

Un balcon de cet immeuble à Angers s'était effondré en 2016. - AFP
L'histoire d'une pendaison de crémaillère qui tourne au drame devant le tribunal correctionnel d'Angers, dans le Maine-et-Loire. À partir de mercredi, cinq personnes comparaîtront devant la justice pour "homicides et blessures involontaires" après l'effondrement d'un balcon qui a causé la mort de quatre personnes en octobre 2016.
Du côté des prévenus, on retrouve les personnes à l'origine de la construction du balcon: l'architecte du chantier, le gérant de l'entreprise de gros oeuvre, le conducteur des travaux, le chef de chantier ainsi que la personne chargée du contrôle technique du chantier. Ils encourent jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende, rapporte Ouest-France.
Ils devront répondre, devant plus de soixante-dix parties civiles, de négligences dans la construction de l'immeuble, en 1998, et de leurs conséquences, alors que dix-huit personnes ont été précipitées dans le vide suite à l'effondrement du balcon.
Quatorze blessés, quatre morts
Il est 23 heures, le 15 octobre 2016, lorsque la vie de dix-huit personnes bascule. Ce soir-là, deux soeurs organisent leur pendaison de crémaillère pour fêter leur installation dans un appartement angevin, fête à laquelle sont conviées une trentaine de personnes. Pas d'excès, ce soir-là, racontent les invités. Les fumeurs se réunissent sur le balcon et discutent dans le calme.
Pourtant, après un craquement, le balcon s'effondre. Dix-huit personnes sont précipitées dans le vide, leur chute n'étant ralentie que par les balcons inférieurs, qui cèdent à leur tour. Plus de huit mètres plus bas, quatorze victimes s'en sortent avec des blessures, tandis que les quatre derniers, âgés de 18 à 25 ans, succombent.
Des malfaçons mises au jour par les experts
Comment un tel drame a pu se produire, alors que l'immeuble n'avait même pas vingt ans à l'époque des faits? C'est ce à quoi ont tenté de répondre les enquêteurs durant l'instruction, et dont devront répondre les prévenus durant quatre semaines.
Les expertises menées au cours de l'enquête mettent au jour des malfaçons dans la réalisation des balcons. Ils devaient notamment être préfabriqués et ont finalement été coulés sur place, dans l'objectif de gagner du temps. À cela s'ajoute un taux de porosité du béton plus élevé que la norme: la matière contenait trop d'eau et pas assez de ciment. Enfin, les armatures et la jonction entre le plancher et le balcon ont été mal exécutées, rapportent les experts.
"Quand on lit ces rapports, on a le sentiment que ce balcon n’était construit que pour tomber", témoigne l'avocat de onze des invités auprès du Parisien.
L'architecte, Frédéric Rolland, à la tête d'un cabinet en vue dans la région, a reconnu ne jamais s'être rendu sur le chantier durant les travaux, et avoir délégué cette tâche à un salarié décedé depuis. Lors de l'instruction, il déclarait ainsi ne pas se consdiérer comme étant "à l'origine" du drame.
"Ils doivent répondre de leurs actes"
"Ce sont des jeunes qui ont été tués, blessés, traumatisés et des familles détruites. Et cela parce que des professionnels ont commis des fautes si énormes qu’elles ont tué, blessé, brisé !", témoignent dans les colonnes du Parisien les parents de deux jeunes, l'une tuée, l'autre blessé lors de l'effondrement.
Auprès de Ouest-France, l'un des rescapés du drame insiste également sur la responsabilité des constructeurs.
"Je ne veux pas que l’on parle du 'procès des balcons'. Pour moi, c’est le procès de Monsieur Rolland, de Monsieur Bonnel, Monsieur Morand, Monsieur Moreau et Monsieur De Douvan. Il y a des prévenus derrière ce drame. Ils doivent répondre de leurs actes devant la justice", plaide-t-il dans les colonnes du quotidien.