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Police-Justice

Aux assises d'Annecy, un homme au double visage jugé pour le meurtre de sa compagne

PHOTO D'ILLUSTRATION

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L'accusé a reconnu être à l'origine de la mort de sa compagne, en août 2019. Le verdict sera rendu ce vendredi.

Un quadragénaire, jugé devant la cour d'assises de Haute-Savoie pour le meurtre de sa compagne, retrouvée dans une valise en 2019, a été dépeint ce lundi, au premier jour de l'audience, à la fois comme un employé modèle et un conjoint violent.

Moulay-Driss Ouhmid avait été arrêté le 18 août 2019 à Doussard, près du lac d'Annecy, au volant d'une voiture transportant ses deux enfants de 6 et 9 ans assis à l'arrière et, dans le coffre, le corps de sa compagne, dissimulé dans une valise.

Après l'exposé des faits, l'accusé a reconnu être à l'origine de la mort de sa compagne, mais il maintient "qu'il n'y a pas eu l'intention de donner la mort". "C'est la triste vérité. Je m'en excuse et ne conteste pas", a-t-il déclaré.

L'homme de 47 ans présente "les deux faces de la même médaille", a illustré un expert psychologue à la barre, pour parler de "quelqu'un qui semble avoir passé sa vie à donner le change".

"Elle avait peur qu'il la tue"

Investi au niveau syndical et sportif, l'homme a gravi les échelons pour devenir technicien recherche et développement dans une grande entreprise d'Annecy. Une ancienne collègue de travail le qualifie de "très compétent et très reconnu", avec un caractère "sociable, bienveillant".

Mais un autre portrait est apparu derrière cette image lisse. La victime, Marianne, 37 ans, qui avait été comptable dans la même société, s'était notamment confiée à une assistante sociale de l'entreprise en 2018, faisant état de violences conjugales.

"Mais, elle n'était pas encore prête à faire la démarche de partir", a témoigné cette professionnelle, décrivant une femme en larmes. "Elle avait peur qu'il la tue. Elle avait peur pour la garde de ses enfants".

Elle n'avait alors pas souhaité porter plainte. De la même manière, en mars 2011 et juillet 2018, la mère de famille avait déposé deux mains courantes qui n'avaient pas débouché sur des poursuites.

"Certainement un gros problème de jalousie"

Un ami de la victime a reconnu au procès que Moulay-Driss Ouhmid avait "certainement un gros problème de jalousie" avec "une tendance à l'appeler sans arrêt pour savoir où elle était".

Pour tenter d'expliquer ce double visage, un psychiatre a notamment mis en lumière des "troubles de la personnalité", marqués par des problèmes liés à l'alcool, une absence d'empathie et des déviances sexuelles de type sadique.

La sexualité sera au cœur de ce procès, dont le verdict devrait être rendu ce vendredi. L'accusé prétend que le décès est survenu au cours d'un jeu sexuel, qui aurait dégénéré lorsqu'il a questionné la victime sur la relation sentimentale qu'elle entretenait avec un autre homme. Des liens avaient ainsi été retrouvés aux poignets et au cou de la victime, qui a été battue et étranglée.

L'accusé, qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, devra aussi s'expliquer sur les raisons qui l'ont poussé à dissimuler le cadavre dans une valise puis de faire un aller-retour en Italie avant de se rendre.

Par A.G avec AFP