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Police-Justice

"Aucune preuve contre lui": un Français risque la peine de mort en Malaisie, ses parents appellent à l'aide

Les clotûres autour de la prison de Kamunting, dans le nord de Malaisie, le 29 mai 2004. (photo d'illustration)

Les clotûres autour de la prison de Kamunting, dans le nord de Malaisie, le 29 mai 2004. (photo d'illustration) - JIMIN LAI / AFP FILES / AFP

Tom Félix, un Français de 32 ans installé en Malaise, a été arrêté en août 2023 après la découverte de cannabis dans les parties communes de son appartement où il vivait en colocation. Alors que le trafic de drogue est passible de la peine de mort dans le pays, ses parents demandent à la France de s'investir davantage dans le dossier.

"Notre fils n’est pas un délinquant", clament Sylvie et Jean-Luc Félix. Depuis le 9 août 2023 Tom, leur garçon de 32 ans, est en prison en Malaisie. Il a été arrêté par la police qui a trouvé du cannabis dans les parties communes de l'appartement qu'il occupait alors en colocation à Langkawi, une ville située sur une île du nord du pays, face à la frontière avec la Thaïlande.

Les parents du Français ont décidé de prendre la parole dans Le Journal de Saône-et-Loire, le quotidien du département dont ces deux professeurs expatriés à Singapour sont originaires et où Tom Félix a en partie grandi. Le journal publie ce dimanche le récit du calvaire que la famille vit depuis près d'un an.

"J’ai été arrêté. Appelez l’ambassade"

La vie de Sylvie Félix, 61 ans et son mari Jean-Luc, 62 ans, a basculé lorsque leur fils les a appelés, cinq jours après son interpellation. "J’ai été arrêté. Appelez l’ambassade et un avocat", leur a dit Tom, lors du premier appel qu'il a pu passer. Depuis, ils enchaînent les allers-retours entre leur résidence de Singapour et la prison où est enfermé leur fils en Malaisie, pays voisin, pour le voir notamment au parloir.

"Il n’a strictement rien à voir avec un trafic de drogue" et a été "au mauvais endroit, au mauvais moment", affirment-ils.

La Malaisie pratique la peine de mort pour le narcotrafic, mais plus de façon automatique depuis 2023. Désormais, les juges peuvent adapter la peine en fonction de la gravité des faits de narcotrafic, rapporte Courrier international. En parallèle, le pays applique un moratoire sur les exécutions depuis 2018.

Une procédure opaque et de violences en prison

Pour ses parents, Tom fait l'objet d'une erreur judiciaire que la justice malaisienne tarde à reconnaître: ils affirment que le colocataire de Tom a reconnu que le cannabis retrouvé par la police était le sien. Ils disent assister à des "simulacres d'audience" et regrettent de ne toujours pas avoir eu accès au dossier.

"Il n’y a aucune preuve contre lui. Pas d’empreinte. Pas d’ADN. Il n’y a eu aucune enquête. Aucune instruction digne de ce nom", déplorent-ils, expliquant que les déclarations des autorités concernant les quantités de cannabis retrouvées ont sensiblement évolué, passant de "quelques grammes" à "près de deux kilos".

Face au "mur" de la justice locale, Sylvie et Jean-Luc-Félix disent craindre pour leur fils. Ils affirment que ses conditions de détention "ne respectent pas les droits de l’Homme" car Tom, entassé "entre 20 et 40 détenus" dans sa cellule, aurait été frappé et ne disposerait pas d'un interprète.

"On lui amène des livres, ça le maintient", raconte sa mère.

Aidée par son avocat, la famille a sollicité l'appui de la France qui se serait limitée à apporter à Tom la protection fonctionnelle à laquelle a droit tout citoyen français expatrié. Selon ses parents, les services diplomatiques français ne veulent pas pousser auprès des autorités malaisiennes pour la libération du trentenaire, car ils risqueraient d'être accusés d'"ingérence".

Une position que les parents du Français n'acceptent pas. "Il ne va pas moisir en prison alors qu’il n’a rien fait", s'insurgent-ils. En attendant de trouver une solution, leur seule perspective est pour l'instant le procès de leur fils, qui doit se tenir en juin 2025.

Glenn Gillet