Au musée des Arts décoratifs, l'héritage du Bauhaus passe par Auschwitz

Etudiant au Bauhaus de 1928 à 1931, devenu SS pendant la guerre, Fritz Ertl a dessiné les baraquements du camp d’extermination en Pologne. - Fred Marvaux / AFP
En ce moment, le musée des Arts Décoratifs de Paris présente une exposition sur "L’esprit du Bauhaus", un mouvement architectural né dans les années 1900. Plus de 900 oeuvres, objets et meubles du quotidien témoignent des champs d'expérimentation de cette école.
Le journal Marianne a déambulé dans les couloirs de l'exposition, dimanche. Sa journaliste raconte son étonnement quand elle découvre qu'un des élèves de Bauhaus a participé à la conception du camp de concentration. Et que le camp d'Auschwitz est présenté sur le même plan que d'autres réalisations comme une station de ski.
Auschwitz, 1940
Le musée des Arts décoratifs a choisi de mettre en lumière l'esprit du Bauhaus. Aussi, dans cet établissement de la rue de Rivoli, cohabitent l'esthétique épurée, les techniques et les matériaux de pointe pour une production en série, et pour la transmission des savoirs.
Cette exposition se clôt sur un planisphère intitulé "l'héritage du Bauhaus". Là, sont représentées les différentes réalisations architecturales des disciples de son mouvement.
"Et soudain: 'Auschwitz, 1940 : Fritz Ertl participe à la conception du camp de concentration'. Etudiant au Bauhaus de 1928 à 1931, devenu SS pendant la guerre, Fritz Ertl a effectivement dessiné les baraquements du camp d’extermination en Pologne. Voir sa 'réalisation' figurer aux côtés d'une station de ski en Haute-Savoie et d'une expo au MoMa de New-York est loin d'être du goût de tout le monde", écrit la journaliste de Marianne.
"Certains élèves ont flirté avec des idéologies totalitaires"
Interrogés par le journal, les deux commissaires de l'exposition répondent que le nom d'Auschwitz est en italique "c'est le choix graphique que nous avons fait pour le singulariser (...) Mais certains élèves ont flirté avec des idéologies totalitaires". Sauf que pour l'historien Jean-Louis Cohen, cette "vérité historique" aurait mérité un peu plus d'explications.
Quant à la communication du musée, contactée par BFMTV.com, visiblement gênée par nos questions, elle renvoie à l'exposition dans sa globalité. "Allez voir l'exposition et vous comprendrez pourquoi nous en avons parlé".