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Police-Justice

Attaque au couteau à Paris: les derniers éléments de l'enquête

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Le procureur de la République de Paris a donné une conférence de presse ce jeudi, pour faire le point sur l'enquête cinq jours après l'attentat. L'ami d'enfance du terroriste est présenté à un juge, tandis que deux jeunes femmes de leur entourage à tous les deux ont été interpellées dans la journée.

"Frapper à tout moment, en tous lieux, telle est la propagande fanatique de Daesh, qui imprègne des individus sur notre sol". Ce jeudi en fin d'après-midi, le procureur de la République de Paris a donné une conférence de presse pour exposer les derniers éléments de l'enquête sur l'attaque au couteau qui a fait un mort et cinq blessés à Paris samedi soir dans le quartier de l'Opéra. François Molins a retracé le parcours meurtrier de Khamzat Azimov, abattu par des policiers, ainsi que son profil. Il a décrit un parcours chaotique et des passants agressés au hasard dans les rues de la capitale. 

Un parcours chaotique et meurtrier

Il était 20h33 samedi soir quand le terroriste a été identifié pour la première fois, Avenue de l'Opéra, dissimulant un objet dans sa main gauche, a rappelé François Molins. Se basant sur l'exploitation des témoignages et les images de vidéosurveillance recueillis au cours des investigations, il a décrit l'enquête comme "réalisée avec beaucoup d'efficacité". Quelques minutes plus tard ce samedi soir, Khamzat Azimov croise un jeune homme marchant sur le trottoir. Il attend de le dépasser pour se retourner et le frapper à plusieurs reprises avec un couteau.

Ce sera sa première victime, un homme de 29 ans touché de 10 plaies dont une "compatible avec une tentative d'égorgement" et mort sur place d'une hémorragie interne. Dans la suite de son parcours macabre, l'assaillant attaque un deuxième homme, par derrière, puis une jeune femme qui se trouve dans la file d'un restaurant. Il blesse ensuite une deuxième femme, à la tête, puis un troisième homme, à qui il porte un coup, cassant la lame de son couteau. Il s'en prend à une troisième passante, avant d'être interpellé à 20h50 par des policiers des commissariats des 2ème et 3ème arrondissement. Ils ont été prévenus par un appel au 17 signalant une agression. Le terroriste parvient à frapper un des policiers avant d'être abattu de deux balles. 

Le profil de l'assaillant

  • Sur lui, le terroriste n'avait ni pièce d'identité ni téléphone. Ses empreintes n'étaient pas connues, mais les enquêteurs ont fait le rapprochement car il avait été entendu comme témoin en avril 2017. Il a donc été identifié et ses empreintes ont pu être comparées avec celles relevées lors de sa demande de carte d'identité. D'origine russe, il est arrivé en France en 2004 avec sa famille et a été naturalisé le 14 mai 2010 car sa mère a été naturalisée l'année précédente. Après avoir raté une première année de médecine, il suivait des études pour être infirmier. Il a vécu à Schiltigheim, dans la banlieue de Strasbourg, avant d'emménager avec sa famille dans le 18ème arrondissement de Paris.

Jamais condamné, il était inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour radicalisation, et fiché S depuis le 7 juillet 2016 en raison de liens avec la mouvance terroriste, mais aussi pour ses liens avec Abdoul Hakim Anaiev, un ami rencontré au lycée. A son domicile, les perquisitions ont révélé des recherches sur internet en lien avec l'islamisme, la Syrie et le terrorisme.

Abdoul Hakim Anaiev présenté à un juge

Abdoul Hakim Anaiev, fiché S et inscrit au FSPRT lui aussi, a été interpellé le 13 mai. Habitant à Strasbourg également, il est venu à Paris en janvier 2017 pour se marier religieusement avec une jeune femme qui a tenté de rejoindre la Syrie. La cérémonie a eu lieu la veille du départ, et c'est dans le cadre d'une information judiciaire visant cette jeune femme que Khamzat Azimov avait été entendu comme témoin en avril 2017.

Franco-russe lui aussi, il a nié au cours de plusieurs auditions "une quelconque participation ou implication dans la préparation et la commission des faits", affirmant n'avoir pas vu ou contacté Khamzat Azimov depuis plusieurs mois. Il a été déféré après sa garde à vue, une information judiciaire a été ouverte et il est en cours de présentation à un juge d'instruction, a indiqué le procureur. Son placement en détention provisoire a été requis.

Les investigations ont notamment mis en évidence une "activité très soutenue" sur internet depuis son téléphone, dans la nuit du 12 au 13 mai. Il aurait plusieurs fois installé et effacé des applications de messagerie instantanée. Deux feuillets avec des phrases écrites en arabe ont été retrouvés à son domicile, et le 12 mai au soir, il a notamment envoyé à sa soeur un chant jihadiste souvent utilisé par Daesh, via l'application Whatsapp. Il a affirmé aux enquêteurs avoir perdu son téléphone. 

Deux femmes interpellées en région parisienne

Dans le cadre de cette information judiciaire, François Molins a également annoncé que deux femmes, proches d'Abdoul Hakim Anaiev et de Khamzat Azimov, avaient été interpellées ce jeudi peu après 14 heures, en région parisienne. Il a précisé ne pas vouloir faire de commentaire sur ces deux interpellations à ce stade. 

Charlie Vandekerkhove