Arnaque aux étrennes: attention au faux pompier qui veut vous vendre un calendrier

Un exemple de "calendrier" vendu en décembre 2019 par de faux éboueurs - BFMTV
Ils se présentent comme des éboueurs, ramoneurs, plombiers, policiers, gendarmes, pompiers, agents EDF, ou de La Poste, et viennent vous solliciter sur le pas de votre porte pour vous vendre leur calendrier. Attention, il s'agit peut-être d'une arnaque. Chaque année à l'occasion des étrennes, les vols par ruse font des victimes.
Les personnes âgées, cible numéro 1
Comme l'a recensé la préfecture de police de Paris, qui a mis en place un plan de prévention à l'intention des seniors, 95% des victimes de ces vols sont des personnes âgées. Dans seulement 4% des cas, elles ont moins de 60 ans. Les victimes sont souvent des habitants des beaux quartiers, où les auteurs savent que "l'état d'esprit est favorable à la générosité", constate auprès de BFMTV.com Damien Vallot, commissaire du 15ème arrondissement de Paris, qui ajoute que les particuliers ne sont pas les seules victimes, "les commerçants également".
Un mode opératoire se dessine: un groupe "d'opportunistes" se partagent les résidences d'un quartier à l'intérieur desquelles ils démarchent, de porte-à-porte, pour vendre "des calendriers parfois de très mauvaises factures", indique le commissaire. Des cas d'arnaques aux étrennes sont répertoriés dès novembre et jusqu'en mars dans la capitale. Damien Vallot précise que certains groupes de malfaiteurs accèdent aux immeubles en se procurant les badges d'accès par le biais de leur profession.
Concernant le profil des auteurs, il s'agit "d'individus partageant la même origine géographique, notamment l'Europe de l'Est, fréquentant les mêmes foyers et résidant parfois sur le territoire de façon illégale."
Pas d'infraction caractérisée
Le nombre d'auteurs qui a "une tendance haussière" selon le fonctionnaire est toutefois "difficile à quantifier": "C'est une part grise de la délinquance", explique-t-il. D'abord, de nombreuses victimes renoncent à porter plainte "parce qu'elles ne se rendent pas compte qu'elles sont victimes, elles n'ont pas le sentiment de se faire voler", analyse Damien Vallot.
Et même en cas de signalement, il n'existe pas d'infraction caractérisée pour les arnaques aux fausses étrennes, ce qui empêche de chiffrer véritablement le phénomène. Ces dernières ne sont pas répertoriées en tant que telles, confirme la Police nationale à BFMTV.com, il peut s'agir de vol à la fausse qualité ou bien d'abus de faiblesse.
Vrais facteurs et pompiers autorisés
Très peu de professions ont l'autorisation de procéder aux étrennes de fin d'année. La vente de calendriers est particulièrement encadrée: seuls les facteurs et les pompiers - sous réserve qu'une circulaire du préfet le permette pour ces derniers - y sont autorisés.
Pour les premiers, la vente est à leur initiative individuelle: ce sont les facteurs qui achètent les almanachs auprès d'un imprimeur, les bénéfices leur servent d'étrennes. Les ventes doivent cependant se faire en dehors de leur temps de travail et non au cours de la tournée. Le mieux est de ne faire confiance qu'à son facteur habituel ou de demander l'avis de son gardien d'immeuble. Certains facteurs affichent parfois leur photo afin de prévenir les résidents de leur prochain passage.
Quant aux seconds, qui doivent obligatoirement se présenter en uniforme, les bénéfices sont reversés à des œuvres. À Paris, les fonds sont reversés à l'Association pour le développement des œuvres sociales des sapeurs-pompiers de la capitale. Par ailleurs, ce don - car il s'agit bien là d'un don à une association et non à proprement parler d'étrennes - permet une réduction fiscale à hauteur de 66% du montant. Les pompiers doivent ainsi être en mesure de délivrer un reçu fiscal.
Les éboueurs interdits de démarchage à Paris et Lyon
Le préfet des Hautes-Pyrénées a récemment appelé à la vigilance après le vol de vingt vestes de feu de pompiers dans le département. Dans le Bas-Rhin, des malfaiteurs se sont fait passer pour des policiers afin de vendre des calendriers, comme le rapporte L'Alsace. Or la Police nationale ne vend pas de calendrier. Si à Paris - comme le rappelle la mairie - ou à Lyon, les agents municipaux - comme les éboueurs - ont l'interdiction formelle de solliciter les riverains lors des étrennes sous peine de sanction, c'est au cas par cas selon les communes.
Certaines villes publient régulièrement des mises en garde sur leur site internet, comme Ury, en Seine-et-Marne. La préfecture de ce département francilien a noté en 2019 "une augmentation sensible" des faits d’escroquerie, d’abus de confiance et de vols par ruse et a formulé des recommandations à destination des personnes vulnérables, notamment de ne pas ouvrir la porte à un inconnu. Certaines organisations chargées de l'enlèvement et du traitement des ordures ménagères ont ainsi décidé de ne plus autoriser leurs agents à vendre des calendriers face à la multiplication des initiatives frauduleuses, comme le Smetom de la vallée du Loing.
"Certains simulent des malaises"
Afin de s'assurer qu'il ne s'agit pas d'une escroquerie, il est préférable, avant tout échange, de faire attendre le démarcheur sur le pas de la porte: "Il ne faut surtout pas laisser entrer quelqu'un à son domicile", alerte le commissaire du 15ème arrondissement de Paris. Et si jamais vous l'accueillez chez vous, il convient de ne pas le laisser seul:
"Certains simulent des malaises ou demandent un verre d'eau et profite de l'absence du particulier pour voler des objets de valeur", prévient Damien Vallot.
Vous pouvez aussi exiger du démarcheur qu'il présente sa carte professionnelle. Ne craignez pas d'être trop prudent, vous en avez le droit. Il est également possible de lui demander le document de la mairie ou de la préfecture l'autorisant à vendre ses almanachs. Dans tous les cas, les étrennes sont des dons, le prix ne peut donc pas être imposé. C'est vous qui décidez du montant. En général, entre 5 et 10 euros. Dans le doute, le mieux est de contacter votre mairie pour savoir quelle profession est autorisée à démarcher ou l'organisme pour lequel le démarcheur se présente. Dans ce cas précis, n'appelez pas le numéro que le démarcheur vous communique, il peut s'agir de celui d'un complice.
Si vous pensez avoir été victime d'une arnaque aux fausses étrennes, la police invite à porter plainte. "Cela permettra de ficher l'auteur, de dresser un portrait-robot et de corréler le mode opératoire", ajoute-t-on. Bien qu'il ne soit pas certain de pouvoir arrêter le malfaiteur, "faire un signalement est le seul moyen d'éviter que les arnaqueurs fassent de nouvelles victimes", conclut le commissaire.