Appel de la relaxe de Total dans "Pétrole contre nourriture"

Le parquet de Paris a annoncé jeudi avoir fait appel de la relaxe prononcée début juillet à l'égard du groupe pétrolier Total dans l'affaire des détournements du programme onusien "Pétrole contre nourriture" dans l'Irak de Saddam Hussein. /Photo d'archive - -
PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a annoncé jeudi avoir fait appel de la relaxe prononcée début juillet à l'égard du groupe pétrolier Total dans l'affaire des détournements du programme onusien "Pétrole contre nourriture" dans l'Irak de Saddam Hussein.
L'ensemble des vingt prévenus, parmi lesquels figuraient l'actuel PDG de Total Christophe de Margerie, ont été blanchis le 8 juillet dernier par le tribunal correctionnel de Paris.
Le parquet de Paris, qui avait requis une amende de 750.000 euros à l'encontre de Total, conteste sa relaxe du chef de corruption d'agents publics étrangers.
Mis en place par l'Onu de 1996 à 2003 en Irak, le programme "Pétrole contre nourriture" devait permettre à Bagdad de vendre une partie de son pétrole contre l'achat de fournitures humanitaires malgré l'embargo imposé après la première guerre du Golfe.
Mais le régime de Saddam Hussein l'a détourné par le biais de deux mécanismes révélés en 2005 dans un rapport de l'ancien chef de la réserve fédérale américaine, Paul Volcker.
Bagdad allouait d'une part des bons de pétrole à des personnalités de pays jugés "amis" en contrepartie d'un militantisme pour la levée de l'embargo, et exigeait d'autre part des paiements supplémentaires -ou "surcharges"- aux acheteurs, en marge du compte bancaire contrôlé par l'Onu.
La compagnie Total, deuxième capitalisation boursière du CAC 40, était soupçonnée d'avoir procédé, par le biais de sociétés intermédiaires, à des paiements de surcharges sur des comptes ouverts à l'étranger par des fonctionnaires irakiens.
Mais le groupe affirme n'avoir rien su de ces paiements, et conteste tout délit.
Le parquet de Paris a également demandé jeudi que la compagnie suisse de trading pétrolier Vitol soit rejugée en France pour corruption. Celle-ci n'avait pas été jugée au terme du procès en première instance, le tribunal faisant valoir qu'elle avait déjà payé une amende de 17,5 millions de dollars en 2007 dans le cadre du volet américain de ce dossier.
Vitol avait alors plaidé coupable, devant une cour de New York, du paiement de dessous-de-table à des responsables irakiens.
Chine Labbé, édité par Yves Clarisse