Aide aux migrants: Cédric Herrou condamné à 4 mois avec sursis en appel

En pénétrant dans la salle d'audience, mardi matin, il a proclamé que "c'est le rôle d'un citoyen en démocratie d'agir quand il y a une défaillance de l'Etat". Cédric Herrou a été condamné à quatre mois de prison avec sursis par la cour d'appel des Bouches-du-Rhône. La justice a reconnu l'agriculteur coupable d'"aide à l'immigration clandestine" après avoir aidé des migrants à passer la frontière entre l'Italie et la France.
A l'annonce de ce jugement, Cédric Herrou a exprimé son "impression de ne plus du tout être entendu par la justice". "On me demande de jeter ces gens dehors, qu’ils soient rattrapés par la police et reconduits en Italie illégalement, a-t-il déploré. A un moment, il y a le droit français qui est là, qui doit être appliqué par les citoyens, par moi-même." Ne regrettant aucune de ces actions, qui lui ont valu d'être interpellé à plusieurs reprises, l'agriculteur estime qu'il n'arrêtera pas "sous la menace.
"Ça devient encore plus nécessaire qu’avant de lutter, je crois qu’il y a vraiment une dérive de l’Etat français, une dérive de la justice", a-il-regretté.
Considéré comme un "contrebandier"
A la fin de l'année 2016, Cédric Herrou avait été interpellé avec 200 personnes en situation irrégulière dans la vallée de la Roya près de Nice. En première instance, le tribunal correctionnel de Nice l'avait condamné à une amende de 3.000 euros avec sursis retenant seulement, pour motiver son jugement, le fait d'avoir pris des migrants en stop. Le parquet avait alors fait appel de cette décision.
Lors de l'audience en appel, le 19 juin dernier, l'agriculteur, qui milite au sein de l'association Roya Citoyenne, s'était dit "innocent". "J'ai l'impression de faire le travail de l’État", plaidait-il. "Je n'incarne pas une lutte" mais "je me sens considéré comme un contrebandier", regrettait-il. Le parquet d'Aix-en-Provence avait lui requis huit mois de prison avec sursis, estimant que Cédric Herrou a détourné la loi de décembre 2012 accordant l'immunité pénale à ceux qui apportent une aide humanitaire et désintéressée aux migrants.