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Police-Justice

Agressions à répétition dans la prison d'Alençon, censée être la plus sécurisée de France

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Depuis son ouverture en 2013, le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe accueille essentiellement des détenus exclus d'autres maisons centrales. Conçu pour recadrer les durs, l'établissement semble dépassé.

Lundi, un détenu du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, près d'Alençon, a pris en otage et molesté deux agents. Mardi, un médecin a été agressé dans ce même établissement situé près d'Alençon. Depuis son ouverture il y a deux ans, une trentaine d'agressions ont été recensée dans cet établissement décrit en 2013 comme le plus sécurisé de France.

La prison de Condé-sur-Sarthe a une mission particulière: 80% de ses détenus ont été exclus d'autres maisons centrales. Si la prison a été conçue pour recadrer les détenus les plus durs, "on ne gère plus grand-chose", estime, amer, Emmanuel Bodin secrétaire interrégional Force ouvrière pénitentiaire. Il évoque "un établissement où le nom de porte-clef pour les surveillants n'a jamais été aussi bien porté", des surveillants qui, selon lui, sont devenus "des grooms" qui servent les détenus.

Il estime que le problème n'est pas en manque de personnel et reconnaît que la structure est très sécuritaire. Mais pour lui, c'est la gestion trop permissive de l'administration pénitentiaire qui est en cause. Il juge que pour "acheter la paix sociale", la direction locale "laisse faire".

Evoquant l'agression de lundi, il estime que le détenu aurait dû se retrouver en quartier disciplinaire dans la mesure où il avait détruit une cabine téléphonique la veille et qu'il avait déjà fait des prises d'otage.

Un colis de 59 kilos à Noël

Depuis son ouverture en mai 2013, cet établissement conçu pour accueillir des détenus difficiles est le théâtre de nombreux incidents. Des nombreux agents ont été agressés. Le directeur adjoint de l'établissement avait été blessé en janvier 2014. L'ancien leader du "gang des barbares", Youssouf Fofana, a agressé à au moins deux reprises des surveillants.

La prison s'est aussi illustrée en décembre après qu'un détenu a reçu un colis de 59 kilos pour noël. Un colis bien supérieur au maximum autorisé (5 kilos) et qui n'a même pas été fouillé. Il était adressé à un braqueur multirécidiviste et auteur d'évasions spectaculaires.

"Les agents n'en peuvent plus d'être humiliés chaque jour", déplore Emmanuel Bodin.

La direction de l'administration pénitentiaire a proposé au personnel une réunion en février, une date qu'ils jugent trop tardive et un interlocuteur qui leur semble peu à même de répondre à leurs préoccupations. Ils demandent une réunion directement au ministère de la justice.

Karine Lambin avec Claire Elien