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Police-Justice

Affaire Merah: Le Renseignement a-t-il failli ?

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Plusieurs personnalités, notamment politiques, dénoncent des failles et des dysfonctionnements dans l'enquête sur Mohamed Merah, auteur présumé des fusillades de Toulouse et Montauban qui ont fait 7 morts. Le Renseignement intérieur est pointé du doigt.

La DCRI, Direction centrale du renseignement intérieur, chargée de lutter notamment contre l'islamisme radical, principale menace terroriste en France, a-t-elle failli dans l'affaire Merah ?
« La DCRI a parfaitement fait son travail » a déclaré ce vendredi le 1er ministre François Fillon qui assure « qu'il n'y avait aucun élément permettant d'appréhender Merah avant les drames ». Cependant, plusieurs voix, notamment dans la classe politique, se sont élevées pour dénoncer des « ratés » et des « dysfonctionnements » concernant le rôle du Renseignement Intérieur Français dans cette affaire. « Je comprends qu'on puisse se poser la question de savoir s'il y a eu une faille ou pas » a reconnu jeudi le ministre de la Défense, Alain Juppé.

Pas de surveillance de Mérah, ni d’écoutes téléphoniques

Car Mohamed Merah était fiché par la DCRI et a même été interrogé en novembre 2011 sur ses voyages en Afghanistan et au Pakistan. Le 15 mars, alors que 3 militaires sont à nouveau pris pour cible à Montauban, l'enquête s'oriente alors vers la piste terroriste islamiste. Mais les hommes du renseignement intérieur ne décident pas de le surveiller de manière préventive et n'avertissent pas non plus les enquêteurs de la police judiciaire. Le nom de Mohammed Merah n'apparaîtra dans l'enquête que le lundi après-midi, après l'attentat dans l'école juive de Toulouse, selon le ministre de l'Intérieur Claude Guéant.

« On peut parler d’un étonnant manquement »

Pour Christophe Labbé, journaliste au Point, spécialiste des questions de police, « il y a manifestement eu retard à l'allumage. Dès le 15 mars, à partir du moment où pour la deuxième fois des soldats Français sont tués, il y a la piste du terrorisme islamiste. On peut s'étonner que la DCRI, qui a dans ses fichiers le nom du meurtrier étiqueté comme un "objectif prioritaire pouvant passer à l'acte", ne mette pas en place des écoutes, une surveillance physique... On peut parler d'un étonnant manquement ».

« La DCRI a fait son travail »

« La DCRI a fait son travail » juge au contraire sur RMC Louis Caprioli, ancien responsable de la lutte contre le terrorisme international à la DST (NDLR: Direction de la Surveillance du Territoire englobée aujourd’hui dans la DCRI). « On est en train de lui faire porter la responsabilité des assassinats qui ont eu lieu en disant ‘’elle n'a pas neutralisé le tueur avant’’. Mais elle ne pouvait pas le neutraliser, elle n'avait pas les moyens juridiques pour le faire. La DCRI a donné son nom et les informations sur Mohamed Mérah. Toutes les investigations devaient être menées par la police judiciaire, donc la DCRI n'a porté qu'un soutien. Elle n'avait aucune compétence pour réaliser des auditions, des demandes d'écoutes téléphoniques. Tout cela était de la compétence exclusive de la police judiciaire ».

La Rédaction avec Aurélia Manoli