BFMTV
Police-Justice

Affaire Jean-Luc Lahaye: selon un rapport, les victimes présumées du chanteur étaient "sous son emprise"

placeholder video
INFO BFMTV – Un rapport d’expertise affirme que les deux jeunes femmes qui accusent Jean-Luc Lahaye de viols étaient sous "son emprise". Les avocats du chanteur contestent leur analyse et réclament l’annulation du rapport.

Il a toujours prétendu qu’elles étaient "consentantes". Voire même qu’elles étaient "à l’initiative" des rapports sexuels. Mais, d’après un rapport d’expertise remis à la justice, les deux jeunes femmes qui accusent Jean-Luc Lahaye de viols étaient "sous son emprise". C’est la conclusion de ce document de 34 pages remis à la juge d’instruction le 31 août dernier, vivement contesté par la défense du chanteur et que BFMTV a pu consulter.

Respectivement avocat honoraire et psychologue clinicienne, Jean-Pierre Jougla et son épouse, Sonya, sont des spécialistes de l’emprise sectaire. C’est à ce titre que la juge d’instruction les a mandatés pour qu’ils se penchent sur le dossier qui vaut à Jean-Luc Lahaye une mise en examen pour "viols sur mineures". En dix points, ils décrivent "les techniques de sujétion" ayant, selon eux, permis à l’auteur de Papa chanteur de mettre les deux jeunes femmes qui l’accusent sous sa coupe.

"Un prédateur"

Après une phase de "mise en confiance", les experts décrivent ainsi la "séduction" de Jean-Luc Lahaye auprès des jeunes femmes. L’apogée de cette séduction étant, selon eux, que le chanteur fasse monter sur scène les adolescentes lors de concerts, afin de leur conférer un statut de "favorites". Mais ensuite, vient le temps du "harcèlement", de "l’isolement" et des "menaces".

"Tel un prédateur, le mis en examen fixe [alors] rapidement ses injonctions, en installant tout un langage de menaces, d’humiliations et d’intimidation", écrivent-ils. 

Pour prétendre cela, les époux Jougla s’appuient notamment sur les déclarations qu’ont pu faire les plaignantes lorsqu’elles ont déposé plainte ou qu’elles ont été entendues par la juge d’instruction. Et notamment Roxane*.

"Jean-Luc Lahaye me disait: 'Si tu veux que j’apprécie tes photos, il va falloir faire plus que ça…' Il demandait toujours plus pour lui faire plaisir", raconte la jeune femme. 

"Une relation autoérotique"

Après des phases "d’affaiblissement physique et psychologique", concernant l'injonction à perdre du poids notamment, et de "culpabilisation", ces spécialistes de l’emprise sectaire indiquent que le but du chanteur n’est autre que d’arriver à la phase de "relation sexuelle". Sur ce point, ils notent qu’il s’agit d’une "relation autoérotique impulsive, une pulsion d’emprise, un désir de possession, un désir de rendre l’autre objet, à disposition pour son propre plaisir."

Là encore, les experts s’appuient sur les déclarations de Roxane* et Emeline*. "Je cédais pour que ça finisse plus vite, pour éviter le conflit et les menaces de me quitter", se souvient la première.

"Je pensais qu’il devait voir que je n’étais pas consentante parce que j’étais figée, je ne parlais pas", explique Emeline*. 

Selon ces experts, l’emprise du chanteur lui aurait permis de faire subir aux jeunes filles une "escalade d’injonctions concernant le sexe" avant de lister par le menu la pornographie, les photos d’elles dans des positions obscènes, les films, l’épilation, la sodomie, etc…

Le consentement au cœur du dossier

Alors que le consentement est au cœur de ce dossier, les avocats de Jean-Luc Lahaye ont vivement réagi à la commande de ce rapport par la juge et aux conclusions qui en ont découlé. Avant même que les experts ne se mettent au travail, ils avaient, selon nos informations, demandé que la juge renonce à son initiative, estimant la démarche "scientifiquement infondée" et "juridiquement viciée".

Ils estiment que les époux Jougla ne sont pas des spécialistes de ce type de dossier. Et surtout qu’ils ont fourni leur analyse sur la foi d’un dossier incomplet, certaines pièces à décharge ne leur ayant pas été communiquées. Autant de raisons qui les ont conduits à saisir la cour d’appel de Paris pour demander purement la nullité de ce rapport de ses conclusions.

Mélanie Vecchio et Vincent Vantighem