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Police-Justice

Affaire Grégory: des analyses ADN à plus de 670.000 euros qui font débat

Grégory Villemin a été tué le 16 octobre 1984.

Grégory Villemin a été tué le 16 octobre 1984. - AFP

En 2012, la juge d'instruction en charge du dossier sur la mort de Grégory Villemin a ordonné des nouvelles analyses sur les vêtements que portait le petit garçon quand il a été retrouvé mort ainsi que les cordelettes qui liaient ses poignets et ses pieds.

La manifestation de la vérité à tout prix dans l'une des plus grandes affaires criminelles? Des analyses complémentaires pratiquées dans le cadre de l'enquête sur la mort de Grégory Villemin, qui dure depuis 33 ans, sont dans le collimateur d'un avocat de la défense. En cause: une expertise ADN sur les vêtements que portait le petit garçon quand il a été retrouvé mort dans la Vologne le 16 octobre 1984 ainsi que sur les cordelettes qui lui liaient les poignets et les pieds. Pour ces tests, la facture envoyée à la justice s'est élevée à 672.300 euros.

Avis défavorable du procureur

En 2012, l'enquête sur la mort de Grégory Villemin connaît de nouvelles avancées. A la demande des parents de l'enfant, qui ont envoyé au parquet général de Dijon le fruit de leur travail d'enquête en parallèle de celui des gendarmes, le procureur général de la cour d'appel annonçait le 24 avril de cette année que des nouvelles analyses allaient être réalisées sur les scellés. Le pari est osé alors que les éléments datent de 28 ans. Dans un dossier compliqué, la justice confie les tests à un laboratoire privé à qui est demandé un devis.

Le 5 octobre 2012, le laboratoire envoie son devis. Pour ces analyses ADN, il réclame 672.3000 euros. Côté parquet, c'est non. "Attendu que le coût unitaire est trop élevé (…) le procureur général près de la cour d’appel de Dijon est d’avis de ne pas donner suite, en l’état, au devis prévisionnel du 5 octobre 2012 ", écrit le procureur général dans ses réquisitions. Mais, c'est à la juge d'instruction en charge du dossier de trancher. Pour elle, la manifestation de la vérité semble prioritaire.

"Il ne me reste plus qu'à croiser les doigts", écrit-elle dans un mail adressé au laboratoire d'analyses.

1.500 prélèvements analysés

Alors que l'affaire a connu de nouveaux rebondissements en juin dernier avec la mise en examen de Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de Grégory Villemin, pour "enlèvement et séquestration suivie de mort" et de Murielle Bolle pour "enlèvement suivi de mort", l'un des avocats de Jacqueline Jacob, suspectée également d'être le "corbeau" qui envoyait des courriers de menaces aux parents de Grégory Villemin, dénonce les coûts engagés dans cette procédure.

"Il y a des gens, des victimes, dont les dossiers sont bloqués ou moins bien traités par manque de moyens, regrette Me Frédéric Berna. Dans ce dossier-là, une dépense aussi somptuaire est véritablement scandaleuse."

Au total, 20 techniciens vont travailler sur 1.500 prélèvements pendant plusieurs mois. En vain, car ces analyses ne vont rien donner. Concernant les cordelettes, Jean-Marie Beney, le procureur général de la cour d'appel de Dijon à l'époque, expliquait alors que les résultats des analyses étaient "très, très difficilement exploitables" et "malheureusement extrêmement minces". Concernant la somme réclamée par le laboratoire d'analyse, elle serait inhabituellement élevée, selon des spécialistes du secteur contactés par BFMTV.

"Ce laboratoire a travaillé avec une méthode par quadrillage sur chaque scellé, défend toutefois une source proche de l'enquête. C’est coûteux, mais elle a fait ses preuves et garantit, par sa précision, de trouver une trace ADN s’il y en a une."

Justine Chevalier avec Alexandra Gonzalez