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Police-Justice

A69: le préfet du Tarn interdit tout rassemblement d'opposants avant une nouvelle mobilisation prévue ce week-end

Des opposants au projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse lors d'un rassemblement devant la gare de Toulouse, le 28 mai 2025 en Haute-Garonne.

Des opposants au projet d'autoroute A69 entre Castres et Toulouse lors d'un rassemblement devant la gare de Toulouse, le 28 mai 2025 en Haute-Garonne. - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP

Le préfet du Tarn a annoncé avoir interdit tout rassemblement en opposition à l'A69, alors que les travaux ont repris et qu'une mobilisation est prévue du vendredi 4 au dimanche 6 juillet.

Le préfet du Tarn a annoncé, mardi 1er juillet, avoir interdit par arrêté tout rassemblement d'opposants à l'autoroute A69 en prévision de la nouvelle mobilisation prévue contre le projet contesté de liaison entre Toulouse et Castres, au motif que les manifestations précédentes avaient donné lieu à des "violences graves et répétées".

"Au regard (...) des risques manifestes de troubles graves à l'ordre public, le préfet du Tarn a pris un arrêté préfectoral interdisant tout rassemblement dans les 17 communes tarnaises du tracé autoroutier de l'A69 du jeudi 3 juillet 08H00 jusqu'au lundi 7 juillet à 20H00", indique un communiqué de la préfecture du Tarn, qui joint l'arrêté daté du 1er juillet.

"Les trois précédentes manifestations contre l'A69, en 2023 et 2024 ont donné lieu à des violences graves et répétées, tant contre les personnes (...) que contre les biens", précise le texte publié mardi soir.

Une "Turboteuf" annoncé ce week-end

Plusieurs milliers de personnes sont en effet attendues du vendredi 4 juillet après-midi au dimanche 6 juillet, aux abords du tracé de l'A69, avec la volonté d'"enterrer" le projet d'autoroute de 53 km.

Or, "à ce jour, aucune organisation ni association n'a déclaré assumer la responsabilité juridique de cet événement" et des messages circulant sur les réseaux sociaux "appellent explicitement à des actes violents et à des actions de destruction", ajoute le communiqué préfectoral.

Les anti-A69, répondant à l'appel de collectifs écologistes, parmi lesquels Les Soulèvements de la Terre, doivent participer à une "Turboteuf" pour dire: "l'A69, c'est toujours non", dans un lieu encore inconnu.

Une première interruption des travaux

Depuis le printemps 2023 et les premiers coups de pioche de ce chantier visant à créer une voie rapide entre Castres et Toulouse, la contestation est montée en intensité, prenant différentes formes: manifestations, grèves de la faim, occupations d'arbres au coeur de Zones à défendre (ZAD), ou encore recours juridiques.

Fin février, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné une interruption des travaux de l'autoroute, estimant qu'il n'y avait pas de raison impérative d'intérêt public majeur (RIIPM) pour justifier les dégâts causés à l'environnement.

Cette décision, saluée comme une victoire par les opposants, a donné lieu à plusieurs recours des pro-autoroute: d'un côté devant la justice administrative, de l'autre, par le biais d'une proposition de loi visant à valider rétroactivement les autorisations environnementales du chantier.

Celle-ci devrait faire l'objet d'une adoption dans les prochains jours, après un ultime vote dans les deux chambres du parlement.

La reprise du chantier autorisée

Parallèlement, avant l'examen du dossier au fond prévu à la fin de l'année, la cour administrative d'appel de Toulouse a autorisé fin mai une reprise du chantier, que l'AFP a pu observer timide sur le terrain depuis peu.

Cette bataille juridico-politique entre pro et anti se traduit par de fortes tensions locales.

Avant cet arrêté préfectoral d'interdiction, les préfectures du Tarn et de Haute-Garonne avaient annoncé des mesures de police renforcées et interdit par exemple le transport de carburant, de produits chimiques, de peinture en aérosol, de pneus usagés ou d'autres matériaux combustibles, éléments dont elles pensent qu'ils pourraient être utilisés par les manifestants.

P.L. avec AFP