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Police-Justice

"Il me restait un morceau de placenta": Camille a porté plainte contre l'hôpital de Remiremont

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Après un accouchement à l'hôpital de Remiremont dans les Vosges, un établissement visé par douze plaintes, Camille, 24 ans, a été opérée en urgence. Un morceau de placenta avait été laissé dans son corps.

L'hôpital de Remiremont dans les Vosges va devoir s'expliquer devant la justice après avoir été visé par douze plaintes. Huit pour "homicides involontaires", deux pour "blessures involontaires" et deux pour "recherches de causes de la mort". Parmi les plaignants, Camille, une jeune femme de 24 ans. Après un accouchement dans ce centre hospitalier en novembre dernier, la jeune maman a frôlé la mort.

"Il me restait un morceau de placenta, explique-t-elle. On dit souvent que l'erreur est humaine mais pour moi dans le corps médical on n'a pas le droit à l'erreur."

"J'étais en train de faire un choc septique"

Camille a accouché le 5 novembre 2022. Un mois plus tard, le 25 décembre, jour de Noël, elle fait une hémorragie et est prise en charge en urgence dans un établissement d'Avignon (Vaucluse).

"J'étais en train de faire un choc septique, le placenta avait nécrosé dans mon corps. Cela faisait sept semaines qu'il était en train de pourrir à l'intérieur de moi", raconte-t-elle. Sa survie s'est jouée à quelques minutes.

"Le lendemain quand j'ai revu les médecins, il m'a dit 'à 20 minutes près, vous n'étiez plus en vie. On n'aurait pas eu de place au bloc, vous n'auriez plus été là non plus."

"Je n'ai eu aucune explication"

Camille déplore le manque d'écoute et de dialogue a posteriori avec l'hôpital de Remiremont. "Je n'ai eu aucune explication", affirme-t-elle.

Elle retourne le 31 décembre dans l'établissement des Vosges. Un interne et un gynécologue l'examinent. On lui annonce qu'elle a une endométrite, une infection de l'endomètre, soit de la muqueuse qui tapisse l'intérieur de l'utérus, pour laquelle elle doit prendre des antibiotiques.

"En fait, c'est le placenta qui a nécrosé qui a créé une infection. Mais on ne me l'explique pas comme ça au début. Quand j'y retourne, on me dit que c'est bien à cause de ça. [...] Mais l'interne, qui avait des directives sûrement derrière, a noyé le poisson et m'a dit qu'on ne pouvait pas me donner de certificat, sans m'expliquer pourquoi."

Avec sa plainte, la jeune femme espère être "entendue". Elle déplore que la cheffe de service de l'hôpital, qu'elle a appelée le lendemain de son opération en urgence à Avignon, ne la recontacte que des mois plus tard, "fin février-début mars", en lui disant "qu'elle n'était pas au courant". "Il y a un problème de communication dans les équipes", regrette Camille qui espère aussi que la personne responsable de ses problèmes de santé "sera au courant et pénalisée".

L'hôpital nie toute défaillance

L'hôpital de son côté nie toute défaillance et dénonce un "dossier vide".

"Les premières plaintes ont plus de 9 mois, et au bout de 9 mois, on n'a toujours pas été entendus. S'il y avait un problème sérieux, je pense que les représentants du centre hospitalier ou les médecins mis en cause auraient déjà été entendus", argumente l'avocat de l'hôpital, Me Frédéric Berna, au micro de BFMTV.

Il avait déjà dénoncé début janvier un "battage médiatique" sur l'hôpital de Remiremont et avait jugé "audacieux de mener une campagne contre l'hôpital quand on sait les difficultés aujourd'hui des hôpitaux français".

"Il y a des 'process' internes (à l'hôpital) qui pour l'instant démontrent qu'il n'y a pas de fautes particulières et s'il y a des enquêtes pénales, on ira s'expliquer (...) sereinement devant le juge", a-t-il ajouté.

Si fin décembre la direction de l'hôpital s'était dite "désolée de la situation", elle prévoit désormais de riposter et de porter plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse.

Juliette Brossault