4 conducteurs sur 10 redoutent les nationales et départementales

L'enfer c'est les autres. Y compris et même surtout sur la route. Dans le baromètre 2016 TNS Sofres* pour Axa prévention, 86% des sondés dénoncent le mauvais comportement des autres automobilistes comme l'une des principales causes d'insécurité sur les nationales et les départementales. La particularité de ces routes étant que les véhicules qui s'y croisent ne sont, sur la majorité du parcours, séparés que par une ligne blanche discontinue. Du coup, 41% des Français ne s'y sentent pas en sécurité.
Autres motifs de mécontentement et d'inquiétude: le mauvais entretien (pour 59%) et une signalisation insuffisante (pour 30%) des zones de danger. Une explication vient de fait que les collectivités locales communes pour les voies communales, département pour le départementales), mais aussi l'Etat ont coupé dans leurs budgets.
Le réseau secondaire concentre 64% des morts
Ce sentiment d'insécurité est-il justifié ou juste accentué par la peur d'une collision frontale, ces routes n'ayant généralement pas de séparations entre les deux voies inverses de circulation? Pour Emmanuel Barbe, délégué national à la Sécurité routière, "les départementales concentrent de fait 64% du nombre de décès". La peur engendrée par ces routes que 83% des conducteurs empruntes au moins une fois par semaine est donc justifiée.
EN 2014, 2.150 personnes ont perdu la vie en parcourant les quelque 390.000 km de notre réseau secondaire, l'un des plus denses d'Europe.
Les comportements à risque perdurent
Certaine attitudes tolérées par le passé ne le sont plus. L'enquête pour Axa révèle que les conducteurs sont encore 4% à prendre le volant après quatre ou cinq verres d'alcool. La moitié des interrogés continue aussi à utiliser, sur ces voies, leur smartphone pour des appels vocaux et même des SMS ou des mails. Enfin,39 % avouent rouler à 65 km/h en ville.
Pour Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, la vitesse demeure un important problème. Elle préconise un abaissement de 90 hm/h à 80 km/h sur tout le réseau secondaire. Sur ce point précis, une éducation des automobilistes est à faire, puisqu'un quart avoue rouler à 120 ou 130 km/h sur les nationales.
Sur les autoroutes, au contraire le sentiment d'insécurité est inverse. Alors que les véhicules circulent plus vite, 87% des automobilistes s'y sentent en sécurité.
*Enquête réalisée du 18 au 5 janvier 2016 auprès d'un échantillon représentatif de 1.543 automobilistes.
L'impact de la dégradation du réseau routier
Pour Pierre Chasserey, le directeur général de 40 millions d'automobilistes, l'entretien du réseau routier est souvent sous-estimé.
"L'état des routes nationales et départementales se dégrade", a-t-il constaté, ajoutant que la dernière étude concernant l’impact de l’état des routes sur la sécurité routière datait de 1995. Une étude qui chiffre à 47% les cas d’accidents mortels où l’entretien des routes a joué un rôle.
"L'Etat n'assume pas ses responsabilités, il est toujours en train de se focaliser sur le comportement de l'automobiliste", a dénoncé le responsable de l’association. Selon lui, la baisse des dotations de l’Etat combinée à la mauvaise gestion de l’argent par les collectivités locales a créé cette situation.