197.000 euros d'amende pour un vigneron "archéologue"

Fronton d'un tribunal correctionnel. (Illustration) - -
Passion coupable et non assumée ou passe-temps naïf? Le tribunal correctionnel de Meaux a tranché vendredi le cas d'un vigneron qui était soupçonné de fouilles illégales suivies de pillages en règle de sites archéologiques gallo-romains. Il a condamné à 197.235
euros d'amende douanière et à six mois d'emprisonnement avec sursis le sexagénaire féru d'histoire.
Le prévenu "a privé les archéologues, de manière irréversible, de leurs outils de travail. Il nous a privés de notre patrimoine.(...) Il savait que ce qu'il faisait était contraire à la loi". Pour la magistrate du tribunal de Meaux qui s'exprimait ainsi fin juillet, l'intention de pillage ne faisait, dès le départ, aucun doute.
A la demande du parquet de Meaux, une perquisition avait été menée au domicile du vigneron, où les douaniers avaient trouvé un véritable petit musée: 2.300 objets anciens, parmi lesquels des pièces de monnaie, des poteries, des bagues et des colliers. Le vigneron avait été interpellé le 5 février 2012, en Seine-et-Marne, lors d'un contrôle routier réalisé par les douaniers. A bord du véhicule se trouvaient des bouteilles de champagne, en règle, mais aussi 112 pièces anciennes d'époque gallo-romaine.
Une peine de quatre mois de prison avec sursis a été requise contre le vigneron par le ministère public, assortie d'une amende avec sursis de 5.000 euros contre son épouse pour "recel". Mais les douanes, à l'origine de l'affaire, ont également demandé au couple le paiement d'une amende de 200.000 euros, pour détention illégale de "biens culturels".
"J'ai toujours fait ça, je ne pensais pas être un bandit"
De son côté, l'apprenti archéologue assurait: "J'ai toujours fait ça, je ne pensais pas être un bandit de grand chemin". "J'aurais aimé être archéologue. Je n'ai pas pu", avait-il raconté devant le tribunal correctionnel précisant n'avoir pour tout diplôme qu'un "certificat d'études".
"Cette passion, je la tiens de mon grand-père. Il m'emmenait le week-end dans les champs, on ramassait des pièces", a ajouté le sexagénaire, producteur de champagne dans la Marne. "Je pensais être dans la légalité". On le comprend, l'homme conteste toute volonté de pillage, assurant avoir agi par "amour" des pièces anciennes.
Selon l'association Halte au pillage du patrimoine archéologique et historique (Happah), au moins 520.000 objets sont pillés chaque année en France. Ces vols, qui concernent principalement des objets de l'époque gauloise, antique et médiévale, comme les pièces de monnaie, sont le fait d'environ 45.000 prospecteurs munis de détecteurs de métaux.