Une exposition australienne réservée aux visiteurs nus

La National Gallery de Canberra propose à ses visiteurs de participer à des "naked tours", des visites réservées aux amateurs d'art entièrement dénudés.

Vous déambulez lentement dans les couloirs de la National Gallery of Australia de Canberra. Visage paisible mais fermé, vous plissez les yeux pour parfaire votre air d’intellectuel amateur d’art. Après quelques secondes d’intense concentration, vous détournez le regard et esquissez un léger hochement de tête admiratif, censé crédibiliser votre œil d’expert auprès de la jeune femme nue qui arpente la même galerie. 

Oui, vous avez bien lu "jeune femme nue".

Et si vous vivez cette scène, vous êtes probablement vous-même dans le plus simple appareil. 

Ce qui, pour beaucoup, ressemble à un scénario de cauchemar récurrent est une réalité: la National Gallery of Australia proposera les 1er et 2 avril 2015 son exposition en hommage à l’artiste américain James Turrell à deux groupes d’amateurs d’art entièrement nus. Composée de peintures, de photos, de croquis et d’installations, la rétrospective sera ouverte à une centaine d’audacieux, à condition que ceux-ci soient âgés de plus de 18 ans.

L’expérience vous tente? Vous n’êtes pas seul: les places pour ces visites très spéciales se sont arrachées en quelques jours et les "naked tours" affichent complet.

"Le nu tient une place capitale dans l'histoire de l'art"

Pour Turrell, son œuvre, qui laisse la part belle à la lumière sous toutes ses formes, est indissociable du corps humain à l’état brut. "Nous buvons la lumière et sa vitamine D grâce à notre peau. Nous sommes ainsi des mangeurs de lumière: c’est une part capitale de notre régime alimentaire."

L’idée de proposer son exposition à des groupes de visiteurs nus est née d’une rencontre avec l’artiste australien Stuart Ringholt, qui travaille sur les thèmes de la peur et de la gêne. "On oublie que le nu tient une place capitale dans l’histoire de l’art," explique ainsi Ringholt dans une interview au Canberra Times.

Que les plus pudiques (ou les plus frileux) se rassurent, l’exposition de James Turrell est aussi ouverte aux visiteurs habillés.

François DE LA TAILLE