A la Monnaie de Paris, les visiteurs peuvent désormais assister à la fabrication des pièces

Après six ans de travaux, la Monnaie de Paris va ouvrir ses portes au grand public avec l’ambition d’être à la fois un musée, une galerie et une usine.

Un musée de la monnaie, un lieu pour l'art contemporain et une usine en activité dans un magnifique hôtel néoclassique sur les bords de la Seine : la Monnaie de Paris ouvre ses portes samedi avec l'ambition de devenir un lieu d'exception au coeur de Paris.

Après six ans de travaux, le superbe édifice du 11 quai de Conti a retrouvé ses proportions et ses cours, envahies au fil des ans par les ateliers et les structures métalliques. Des interventions lourdes en raison notamment de la proximité de la Seine, et dont le coût s'est élevé à 75 millions d'euros.

L'hôtel, commandé par Louis XV à l'architecte Jacques-Denis Antoine et terminé en 1775, est de nouveau accessible aux visiteurs, mais aussi aux piétons parisiens qui pourront emprunter plusieurs passages traversant le bâtiment.

Plein phare sur la fabrication des pièces de monnaie

Un parcours combinant à la fois une visite du site, du musée et de certains ateliers de fabrication permet de découvrir les techniques de travail des différents métaux: fonderie, gravure, ciselure, patine. Des passerelles métalliques ménagées par l'architecte du projet, Philippe Prost, offrent une vue sur les ateliers où les machines spécialisées sont en action. 

Frappe au marteau, au balancier, actionné par une dizaine d'hommes, poinçons directement taillés dans la masse, système de réduction d'une matrice en cire: tous les procédés sont présentés, de manière très concrète et participative

La Monnaie de Paris produit des monnaies en or et des médailles mais aussi des trophées comme les César. Son plus gros client pour les médailles est le leader chinois du téléphone portable, Huawei, qui récompense ainsi ses employés.

Dans la salle magistrale du Grand Monnayage en forme de basilique antique, les machines, dont une destinée à frapper les pièces de deux euros, sont installées sous le regard de la "Fortune", une sculpture dressée au coeur de l'abside et éclairée par un effet de lumière.

Un nouveau nom pour le musée

Avec 2.000 objets, sur les 170.000 pièces de la collection, le "11 Conti", nouvelle appellation du musée, propose, selon ses concepteurs, une vision complète du rôle de la monnaie dans les différentes civilisations et un panorama des procédés de fabrication des monnaies à travers les âges.

"Dans une des perspectives les plus célèbres du monde, il y a un endroit qu'on ne connaît pas, et dans cet endroit, il y a une usine", déclare le PDG de la Monnaie de Paris, Aurélien Rousseau. Nommé en avril, il a repris à son compte la stratégie de son prédécesseur, Christophe Beaux, visant à "moderniser la marque en valorisant le lieu".

"Pour autant, précise-t-il, il ne s'agit pas de transformer l'activité industrielle en réserve d'indiens". "On est une usine, la dernière de Paris, on est un vrai centre de production".

"Faire le lien entre l'art contemporain et le travail du métal"

La Monnaie de Paris est aussi un lieu dédié à l'art contemporain, installé dans les salons de la façade. Sa programmation a été confiée à Camille Morineau qui a défini deux axes majeurs, les artistes femmes et l'histoire de la sculpture. 

Pour Aurélien Rousseau, "il faut aussi faire le lien entre l'art contemporain et le travail du métal" à l'instar de la rétrospective, prévue l'année prochaine, du sculpteur indien Subodh Gupta, dont l'un des matériaux de prédilection est la vaisselle métallique indienne.

Le patron de la Monnaie de Paris est aussi en contact avec ses homologues et voisins de l'École des Beaux-Arts, de l'Institut de France et du Musée d'Orsay, convaincu que "ces institutions peuvent travailler ensemble".

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H.M. avec AFP