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Scènes coupées dans "Miraculous": le créateur du programme revient sur la polémique

Chat Noir et Ladybug, les deux héros de "Miraculous"

Chat Noir et Ladybug, les deux héros de "Miraculous" - Capture d'écran YouTube

Pour Thomas Astruc, TF1 a fait preuve de "prudence" en coupant une scène du dessin animé dans laquelle un personnage se retrouve aux prises avec les forces de l'ordre.

L'affaire a agité les réseaux sociaux ce week-end: une séquence du dessin animé Miraculous: Les aventures de Ladybug et Chat Noir, dans laquelle les agents de la RATP et les forces de l'ordre sont présentés sous un angle peu flatteur, a été coupée par TF1. Thomas Astruc, créateur de cette série à succès adressée aux enfants, prend la parole sur Twitter.

Ce montage revu et corrigé a été mis au jour dimanche par un internaute, qui utilise le pseudonyme Fenarinarsa sur Twitter. "3 minutes ont été enlevées", a-t-il écrit sur le réseau social, accompagnant son message d'une vidéo comparant la version française et la version anglophone de cet épisode intitulé Qilin.

Escalade d'injustices

Qilin met en scène la mère de Marinette, le personnage principal. Elle se retrouve aux prises avec un contrôleur de bus parisien peu compréhensif, qui refuse de la croire lorsqu'elle explique que sa fille est partie avec son ticket. Il la taxe d'une amende de 50 euros qu'elle est en incapacité de payer puisque Marinette est également partie avec son portefeuille, dans lequel se trouvent aussi ses papiers d'identité.

Accusée de fraude, elle est livrée à l'arrêt suivant à un agent de police. Bien qu'il la connaisse, il procède à une fouille de son sac dont le contenu se renverse sur le trottoir. Des agents interviennent pour menotter la mère de Marinette et l'emmener au poste.

Scènes supprimées

Un scénario auquel les téléspectateurs français du programme n'ont eu que partiellement droit. Comme le montre Fenarinarsa, la version hexagonale élude une partie de l'altercation avec le contrôleur, une longue séquence d'explication avec l'officier de police et enfin l'arrestation.

De nombreux internautes voient dans cet épisode une dénonciation des abus de pouvoir policiers et de la discrimination raciale (la mère de Marinette étant asiatique), et accusent TF1 de censure.

"Les choses méritent d'être plus nuancées", estime quant à lui Thomas Astruc dans une série de tweets publiés dimanche, dans laquelle le créateur de la série déroule une "tentative d'explication":

"Le but de cet épisode était de montrer les mécaniques qui peuvent conduire à une injustice. En aucun cas, et j'insiste dessus, il ne s'agissait de montrer une mauvaise image d'une institution. Pourquoi? Parce qu'on s'adresse à des enfants. Nous devons montrer une bonne image des institutions parce qu'ils doivent pouvoir avoir confiance en elles. Pas pour des raisons idéologiques, mais parce qu'un enfant doit pouvoir se dire qu'en cas de problème, il peut aller voir un représentant d'une institution."

"Je pense que l'épisode évite bien cet écueil, ne dit pas bêtement policier=méchants, mais montre comment lorsqu'une personne devient détentrice d'une autorité quelconque, il y a la possibilité d'un abus de pouvoir si cette autorité est utilisée sans discernement", ajoute-t-il.

Coupé "par prudence"

"TF1 est légalement responsable du contenu diffusé. Donc, si pour quelque raison que ce soit, ils estiment que ça peut poser un problème, que l'histoire pourrait être mal comprise, que les institutions se sentent attaquées ou que cela puisse nuire à la confiance que tout enfant devrait légitimement avoir dans les institutions, ou, tout simplement, que cette histoire est trop complexe pour eux, bref, s'ils estiment finalement que ce qu'on a essayé de faire ne les a pas convaincus alors, même si ça me désole, je peux comprendre qu'ils coupent ce passage. Pas par autoritarisme, comme beaucoup le diront, mais par prudence", conclut-il.

Lancée en 2015, Miraculous s'est rapidement imposée comme un carton international. Cette production franco-coréo-japonaise met en scène Marinette Dupain-Cheng et Adrien Agreste, deux camarades de classe qui se transforment en super-héros pour combattre le mal.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV