"Homeland est raciste": des street-artistes piègent la production

Extrait du 2e épisode de la saison 5 d'Homeland - Showtime Networks
Si vous êtes amateur de la série Homeland, vous pourriez y voir, dans le deuxième épisode de la cinquième saison, des graffitis écrits en arabe. Mais dont le sens ne va pas dans celui voulu par la production de la série.
Nous sommes au début du mois de juin 2015, en plein tournage de la 5e saison d'Homeland. Trois artistes, spécialisés dans le street-art, reçoivent l'appel d'un ami connu en Allemagne dans la scène du graff et du street-art. Il a été contacté par la production d'Homeland qui cherche des artistes capables de tagger en arabe pour rendre "authentiques" des scènes représentant un camp de réfugiés syriens, à la frontière syro-libanaise, représenté dans la série.
"Vu la réputation de la série, nous n'avons pas été convaincus tout de suite, puis nous avons considéré que c'était une opportunité de relayer nos désaccords avec la série", écrivent Heba Amin, Caram Kapp et Stone, les trois artistes sur le blog de l'un d'eux, repéré par le Guardian. Maladresses dans la représentation des pays du Moyen-Orient, racisme, manichéisme... Leurs griefs contre la série sont nombreux. C'est donc par leur travail d'artistes qu'ils ont décidé de s'exprimer.
"Ils étaient trop occupés pour tenir compte de nous"
Les artistes se mettent au travail. Parmi les consignes reçues: la neutralité politique obligatoire des tags. Mais plutôt que se plier à la volonté de la production, ils préfèrent tagger des messages comme "Homeland est raciste", "Cette série ne représente pas les opinions des artistes", ou encore "Black lives matter", en référence aux victimes noires de violences policières aux Etats-Unis.
Plus étonnant, les graffeurs ont pu écrire leurs messages sans que personne ne s'interroge sur leur signification. "Les décorateurs étaient trop occupés pour nous gérer, ils étaient obsédés par l'idée de construire un plateau hyper réaliste (…) A leurs yeux, l'écriture arabe est plutôt un élément visuel qui vient confirmer l'horreur du Moyen-Orient", dénoncent-ils. Sans surveillance, les trois artistes ont donc pu faire passer leur message. L'épisode a été diffusé mercredi soir aux Etats-Unis.