BFMTV
Musique

Ninho et Niska, Tiakola et Gazo, Zola et Koba LaD... Pourquoi les rappeurs multiplient les albums en duo

Les artistes Dadju et Tayc, Gazo et Tiakola et Koba LaD et Zola.

Les artistes Dadju et Tayc, Gazo et Tiakola et Koba LaD et Zola. - Montage BFMTV.com / Fifou - Florian Waldmannn - Frxgui

À l'instar de Ninho et Niska, ce vendredi avec leur projet "GOAT", de plus en plus d'artistes font le choix d'unir leurs univers respectifs sur des albums collaboratifs.

Fusionner deux univers sur un même album. C'est la démarche de Ninho et Niska qui unissent leurs flows respectifs sur leur premier projet en commun baptisé GOAT, ce vendredi 25 octobre.

Après plusieurs morceaux à succès en duo tels que Maman ne le sait pas, Méchant ou encore NI, les deux poids lourds du rap français ont décidé de passer un cap dans leurs carrières respectives et d'offrir à leurs fans un projet commun de 15 titres aux allures de blockbuster musical, accompagné d'une tournée des Zéniths à travers la France.

Moins de pression qu'un album solo

Comme Ninho et Niska, ces derniers mois, plusieurs artistes ont opté pour le format de l'album collaboratif en duo. Ainsi en décembre dernier les poids lourds du rap français Gazo et Tiakola ont mêlé leurs voix sur le disque La mélo est gangx tandis que Zola et Koba LaD, anciens rivaux, se sont rabibochés sur Frères ennemis fin janvier et que Dajdu et Tayc se sont réunis sur Héritage en février.

Si ce type d'albums se fait de plus en plus populaire dans le paysage musical actuel, cette stratégie est avant tout un moyen pour les artistes de se faire "plaisir" artistiquement, selon Florian Lecerf, fondateur de l'agence 135 Média, spécialisée dans l'accompagnement de musiciens.

"Les artistes le font par plaisir, parce que c’est des projets qui font du bruit au moment de l’annonce, mais ce ne sont pas forcément des projets qui 'streament' énormément", précise Florian Lecerf.

"Ce sont aussi des albums qui viennent s'installer dans des carrières de 'gros' artistes qui ont besoin de souffler par moment avec un projet intermédiaire. Ça va leur faire de l’actualité mais avec moins de pression qu’un nouvel album solo. C’est un peu une pause récréative", poursuit-t-il.

Des projets parfois risqués

Très populaires aux États-Unis, avec des projets tels que Watch The Throne (Kanye West et Jay-Z), What a Time to Be Alive (Drake et Future) ou plus récemment Vultures (Kanye West et Ty Dolla $ign), les albums communs entre artistes tentent de s'imposer en France depuis de nombreuses années.

"Quand tu vois des Tiakola, Gazo et Koba la D et Zola, ce sont des artistes qui sont déjà dans leur musique très influencés par la culture américaine, donc c'est pas étonnant de les retrouver sur ce type de projet", indique Florian Lecerf.

Ainsi plusieurs rappeurs francophones tels que Vald et Heuss L’Enfoiré, Kaaris et Kalash Criminel ou Leto et Guy2Bezbar se sont essayés à l'exercice ces dernières années, parfois avec le risque de ne pas réussir à trouver leur public.

"Dans l’industrie on a tendance à se dire que si on fait artiste A + artiste B on va avoir la force des deux mais dans la réalité des faits, les artistes font toujours plus d’écoutes en solo", analyse le fondateur de 135 Média.

"Car les gens qui écoutent des albums en communs représentent qu'une toute petite partie de la fanbase des artistes, les plus engagés. De la même manière que quand un artiste collabore sur le projet d’un autre, tous ses auditeurs ne vont pas aller l’écouter", ajoute-t-il.

Vers davantage d'albums en commun en 2024?

Néanmoins, les derniers albums collaboratifs sortis ces derniers mois ont réussi à populariser ce format auprès des auditeurs. La mélo est gangx de Gazo et Tiakola a ainsi battu le record de la certification la plus rapide de l’histoire d’un album commun dans le rap français, en recevant un disque d'or un mois à peine après sa sortie.

Frères Ennemis de Zola et Koba LaD a également été très bien accueilli par le public avec 16.941 exemplaires vendus en première semaine, soit le deuxième meilleur démarrage d'un album de duo juste derrière La mélo est gangx.

Doit-on s'attendre à voir de plus en plus d'albums de ce type voir le jour cette année? "Ça ne serait pas étonnant", assure Florian Lecerf. "Vu comme les derniers projets sortis ont fait des gros chiffres et du bruit, ça va forcément inspirer d'autres artistes à faire pareil", conclut le spécialiste.

Carla Loridan