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"2069'": dans les coulisses du nouvel EP de PLK, créé avec ses fans

Pochette de l'EP "2069" de PLK créé avec ses fans.

Pochette de l'EP "2069" de PLK créé avec ses fans. - PLK

En janvier, l'artiste a ouvert un "label virtuel" pour que ses fans puissent, contre rémunération, prendre des décisions dans la création de son nouvel EP, de l'enregistrement en studio jusqu'à sa sortie ce vendredi.

La démarche est inédite dans le rap français. Pour inclure son public dans le processus créatif de son nouveau disque, l'artiste PLK a annoncé en janvier dernier l'ouverture de son "label virtuel". Grâce à une plateforme en ligne, les fans du rappeur ont ainsi pu - moyennant 5 ou 35 euros - jouer un rôle précis dans le développement de ce projet collaboratif: directeur artistique, attaché de presse, responsable du merchandising et même stagiaire.

Après des semaines de réunions et d'échanges en live entre PLK et son public, le rappeur dévoile ce vendredi le produit fini: un EP de 10 titres baptisé 2069', en référence au nombre de minutes passées avec ses fans à travailler sur le disque. À l'occasion de cette sortie, BFMTV.com s'est glissé dans les coulisses de la création de ce projet.

"Trouver l'accord parfait"

"Curieuses" de voir ce qu'allait donner cette expérience, Kenza et Melody, auditrices de PLK depuis plusieurs années, font partie des 7000 internautes à s'être inscrites au projet. "Au début, on avait quelques appréhensions. On ne savait pas vraiment ce pour quoi on avait payé et ce qu'il y avait derrière notre rôle", confie Melody, qui a opté pour le poste de directrice artistique musique à 34,99 euros.

Mais dès la première session live, organisée le 11 janvier, PLK et l'équipe de son (véritable) label, Panenka, précisent rapidement les missions de chacun et fixent avec les internautes un rendez-vous quotidien à 20 heures du lundi au vendredi.

Pendant trois semaines c'est le même rituel: "PLK nous présentait des productions et nous devions choisir celles que l'on aimait le plus, ensuite on choisissait la thématique, les rimes...", détaille Charlotte, participante à l'initiative en tant que responsable merchandising.

"On parlait aussi un peu de tout et de rien, des feats, qu’on a aussi pu choisir, de la cover de l’album. On bossait dessus tous ensemble pour trouver l’accord parfait", ajoute la jeune femme.

Sondages décisifs

Pour exprimer leurs idées, tous les participants, quel que soit leur rôle, pouvaient interagir avec PLK par l'intermédiaire d'un tchat écrit. Seuls les stagiaires, qui avaient déboursé 5 euros, n'avaient pas accès à cet espace. Et ce n'est que lorsque des décisions importantes étaient prises que les "postes" précis entraient en jeu grâce à des sondages.

"Pour choisir les featurings de l'album, par exemple, tout le monde a d'abord écrit dans le tchat le nom d'un artiste que l'on souhaitait voir sur le projet.

L'équipe technique a ensuite présélectionné les quatre qui revenaient le plus. Puis, seuls les 'directeurs artistiques musique' ont pu répondre à un sondage en ligne pour désigner le feat qu'ils voulaient le plus", détaille Melody.

C'est avec ce système de votes à choix multiples que les internautes ont désigné dans les moindres détails au fil des sessions, les titres des différents morceaux, le design de la pochette de l'EP et son nom - truffés de références aux lives - les featurings (Dinos et Kerchak), le look des produits dérivés ou encore le média dans lequel PLK allait réaliser sa promo presse (la chaîne YouTube Colors).

Contreparties financières

Onze participants parmi les 7000 avaient un pouvoir décisionnel plus important. Surnommé les "boss", ces postes limités, ont, contrairement aux autres rôles à prix fixe, été vendus aux enchères en ligne à des tarifs pouvant atteindre jusqu'à 4.500 euros.

En contrepartie, ce poste spécial permettent notamment de toucher 0,5% des royalties numériques sur l'EP de PLK pendant 3 ans à partir de sa sortie, ainsi qu'une plaque personnalisée en cas de certification du disque.

Moyennant 2.500 euros, Aurélien a occupé le poste de boss pendant trois semaines. Le jeune homme a pu participer à tous les sondages proposés et a eu accès à un espace de discussion privée sur Whatsapp avec PLK et son label.

"Je n'ai pas acheté ce rôle dans le but d'être bénéficiaire à tout prix. Si l'EP marche tant mieux ça sera rentable. Mais je voulais plutôt voir comment allait se dérouler la création d'un disque de l'intérieur et rencontrer PLK et son équipe", assure-t-il.

"En plus j'ai eu de la chance, dès le premier live, j'ai proposé une rime à PLK pour un morceau et il l'a conservée", se réjouit-il.

"Il est génial"

En revanche, certains participants, qui tenaient des rôles "classiques", tels que Kenza, directrice artistique musique, évoquent quelques frustrations quant à l'interaction et la prise de décision.

"Il y avait beaucoup de personnes dans le tchat donc ce n'était pas facile de faire part de mes idées. Et lorsqu'il fallait voter c'était parfois assez frustrant de ne pas avoir le même avis que les autres", souligne-t-elle.

Mais dans l'ensemble tous les participants interrogés assurent avoir apprécié l'expérience et soulignent le caractère novateur de l'initiative dans le rap français ainsi que l'ambiance qui s'est créée au fil des sessions lives.

"Avec le temps, on s'est formé une team, 'la team chouette' et on se faisait des blagues entre nous, c'était très familial. A tel point que la seule chose que l'on attendait c’était d'être le soir à 20 heures pour se retrouver", ajoute Melody.

Pour mettre fin aux trois semaines de travail avec son public, PLK a clôturé son initiative, le 4 avril dernier, lors d'une ultime session live où le rappeur a présenté en surprise l'EP terminé. En contrepartie de leur travail, les participants vont recevoir ce CD en édition limitée avec tous leurs noms ainsi qu'un titre bonus.

"Ce projet était aussi nouveau pour nous que pour PLK et on a vraiment bien choisi, il est génial. J'ai hâte que le reste des fans puissent enfin le découvrir" conclut Melody.

Carla Loridan