"La bataille d'Orly": la bagarre entre Booba et Kaaris au cœur d'une exposition à Paris

Six ans après la célèbre altercation entre les deux artistes à l'aéroport d'Orly, l'artiste Guillaume Cagniard revisite l'affaire à travers l'art. Ses œuvres sont exposées du 12 au 24 décembre à Paris.

La célèbre altercation entre Booba et Kaaris à l’aéroport d’Orly en août 2018, s’invite dans le monde de l’art contemporain. Six ans après cet événement qui a défrayé la chronique, l’artiste Guillaume Cagniard propose une réinterprétation du fait divers à travers une série de tableaux et de sculptures.

Une dizaine d'œuvres qui sont exposées jusqu'au 24 décembre sous le titre "La bataille d'Orly", à la Galerie 78, dans le Marais à Paris.

"C'était vraiment passionnant en termes de divertissement"

Réalisateur de clip et artiste, Guillaume Cagniard - qui a longtemps collaboré avec JR - a été particulièrement marqué par la bagarre entre Booba et Kaaris à Orly. À l'époque, l'artiste vient tout juste de remporter un concours pour tourner le clip de Petite Fille, de Booba, lorsqu'il découvre aux informations la scène qui vient de se dérouler dans la salle d'embarquement du hall 1 de l'aéroport.

"Le midi, on m'appelle pour me dire que j'ai gagné, et le soir, j'apprends qu'il y a eu la bagarre d'Orly et que les deux rappeurs sont en prison. Je me rappelle, je regardais tous les points de vue des caméras des différents protagonistes."

"On aurait presque pu faire un 360° de la bagarre en direct. C'était vraiment passionnant en termes de divertissement", raconte Guillaume Cagniard à BFMTV.com.

Ce souvenir marquant est devenu un véritable fil conducteur dans son parcours artistique. "Quand j'ai voulu devenir artiste, en 2021, le jour de mes 40 ans, le premier dessin que j'ai fait, c'était les souvenirs de cette bataille d'Orly. C'était un croquis sur une feuille A3 que j'ai colorisé", confie-t-il.

Une expostion en trois actes

De cette première ébauche est née, trois ans plus tard "La bataille d'Orly", une exposition mêlant art et culture rap, construite en trois actes, à la manière d'un storyboard de clip.

Dans une première partie, Guillaume Cagniard explore la violence de l'affrontement entre Booba et Kaaris. Une fresque réalisée à l'aérosol, "inspirée des tableaux des grands maîtres de la Renaissance", immortalise leur altercation dans le hall de l'aéroport d'Orly.

Tableau "La Bataille d’Orly" de Guillaume Cagniard. © Guillaume Cagniard

L'artiste a également réalisé à la tronçonneuse une sculpture d'un poing en bronze tenant une bouteille de parfum Chanel, en clin d'œil au duty free, où s'est en partie déroulée la bagarre entre Kaaris et Booba. Les protagonistes se sont envoyé des bouteilles de parfum et d'alcool au visage.

Le deuxième acte plonge les visiteurs dans l’effervescence médiatique qui a suivi ce conflit. Plusieurs tableaux montrent les deux rappeurs, chacun chez eux dans leur intimité, entourés de leurs proches, en train de s'échanger des invectives sur les réseaux sociaux.

Le tableau "Envoie le contrat" de Guillaume Cagniard. © Guillaume Cagniard

Enfin, la troisième et dernière partie de l'exposition prend une tournure fictionnelle. Guillaume Cagniard imagine l’octogone tant attendu – ce duel retour façon MMA promis par les deux artistes, mais qui n’a jamais eu lieu – ainsi que des réconciliations fantasmées entre les deux protagonistes.

Le tableau "Tour de contrôle" de Guillaume Cagniard. © Guillaume Cagniard

"Cette bagarre est encore plus actuelle en 2024"

Dans son exposition "La bataille d'Orly", Guillaume Cagniard souhaitait également réaliser un parallèle entre cet événement emblématique du rap français et la violence qui traverse notre société.

"Même si cette bagarre a eu lieu il y a cinq ans, je trouve qu'en 2024 elle est encore plus actuelle que ce soit dans la violence, dans les médias et sur plein d'autres thèmes comme l'amitié, la revanche, la séparation", explique-t-il.

"Avec ces œuvres, on pose question sur la violence qui nous entoure en ce moment et jusqu'à quel point la violence peut être exutoire ou dangereuse", poursuit l'artiste.

Les deux rappeurs ont été condamnés à l'époque, à 18 mois de prison avec sursis et 50.000 euros d'amende chacun.

Si Guillaume Cagniard n'a sollicité ni Booba ni Kaaris, pour réaliser ses œuvres, le rappeur de Boulogne-Billancourt a relayé l'invitation au vernissage sur X, en taguant son adversaire.

"J'ai été très flatté Je crois qu'on ne pouvait pas faire mieux comme appel", confie Guillaume Cagniard. "La bataille d'Orly" donnera-t-elle lieu à des retrouvailles ou à une réconciliation entre les deux rappeurs? Réponse à partir du 12 décembre, au 18 rue du Temple.

Carla Loridan