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David Corenswet, le nouveau superman, un héros très discret

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Dans le Superman de James Gunn, qui sortira le 9 juillet 2025, David Corenswet revêt la cape du super-héros et prend ainsi la suite d'Henry Cavill. Un rôle d'icône pop pour l'acteur américain de 31 ans, accoutumé à la discrétion.

David Corenswet aurait pu tout refuser: le rôle, la pression, la notoriété soudaine. Il avait même fait une liste des raisons pour lesquelles il ne pouvait pas accepter cette proposition. Pour lesquelles il ne devait pas. Prendre les traits de Superman, dans la version 2025 du réalisateur James Gunn, n'a rien d'une évidence pour l'acteur américain de 31 ans.

Jouer Clark Kent / Kal-El, c'est porter un costume qui vous colle à la peau - au sens littéral, comme au figuré. L'allure du super-héros, David Corenswet l'avait déjà: son regard d'acier, ses cheveux bruns bouclés, et sa carrure d'athlète lui donnaient des airs de gendre idéal. Malgré un casting réussi, qui a conquis le réalisateur, l'acteur américain de 31 ans a ressenti un vertige.

"On pourrait penser que c’est le but de tout acteur de décrocher un rôle comme celui de Superman mais ce n'est pas vrai, explique-t-il à GQ. Certains pourraient refuser ce rôle, si on leur en donnait l'occasion. Je ne fais évidemment pas partie de ces personnes. Mais j'ai essayé de trouver des raisons de ne pas le faire".

Cette liste, c'est une lettre manuscrite qu'il adresse au réalisateur du dernier opus de Superman et co-PDG de DC Studios - franchise cinématographique qui met en scène les héros des comics DC. Il y détaille les arguments pour lesquels interpréter l'homme de fer serait une mauvaise idée pour sa carrière.

Habitué aux seconds rôles

À première vue, cette pensée paraît étrange. Avec Superman (2025), David Corenswet tient enfin l’opportunité d’interpréter un premier rôle à sa hauteur; lui qui est plutôt habitué à donner la réplique au personnage principal.

Mais, le comédien n'est-il pas du genre à s'effacer pour le bien d'un long-métrage? Pour sûr, il aspire à une vie sobre. Après avoir habité quelques années à Los Angeles, le trentenaire a préféré fuir le quartier d'Hollywood et sa vie chère pour une ville de la banlieue philadelphienne, en Pennsylvanie. Là où il est né, là où il a grandi. Et là où il a, depuis, fondé sa famille.

"Je suis plutôt introverti, j’aime la tranquillité”, livre-t-il. Né le 8 juillet 1993, David Corenswet s'initie au jeu sous l'influence de son père, un ancien comédien reconverti en avocat, par choix de raison. Enfant, il participe à plusieurs pièces comme Ils étaient tous mes fils d'Arthur Miller en 2002 ou encore Macbeth de Shakespeare en 2003.

Poursuivant la destinée rêvée du paternel, il étudie à la prestigieuse Julliard School de New York dont il sort diplômé en arts dramatiques en 2016. Pendant cette période, il multiplie les projets: du court-métrage Following Chase qu'il co-écrit, à la web-série Moe & Jerryweather qu'il produit et réalise avec son ami Adam Landon.

Lorsque David Corneswet décroche son premier rôle principal dans Affairs of State d'Eric Bross (2018), il n'atteint pas la visibilité que tout acteur souhaiterait obtenir pour son premier grand rôle. Il faut avouer que le long-métrage de Prime Video reste relativement confidentiel...

Superman, un héros désuet

C'est l'année suivante, dans la série The Politician de Ryan Murphy distribuée sur Netflix, que le jeune homme se fait connaître du grand public. Il prend alors les traits de River Barkley, un étudiant solaire, candidat à la présidence du conseil des élèves de son lycée, qui combat en privé des épisodes dépressifs.

Il poursuit ensuite sa carrière aux côtés du réalisateur de Glee en co-produisant et en participant dans la mini-série Netflix Hollywood, réécriture utopiste de l'âge d'or du cinéma américain. On le retrouve aussi dans la série We Own This City réalisée par David Simon, qui a aussi signé The Wire. Inspirée du livre éponyme de Justin Fenton, journaliste du Baltimore Sun, l'œuvre dépeint une unité de police qui lutte contre la criminalité de rue avec des méthodes de ripoux.

De second rôle en second rôle, David Corenswet livre des performances remarquées sans, non plus, imprimer aux yeux du grand public. Se mettre dans la peau de Superman, héros désuet à l'image très lisse, paraît ainsi un choix à double-tranchant: comment continuer une carrière quand son nom et son apparence resteront accolés à celui du super-héros ?

"Peut-être que personne ne me reconnaîtra [...], lâche-t-il, avec malice, auprès de GQ. Et si c'était le seul rôle que je devais jouer pour le reste de ma vie, que ce soit une fois ou dix fois, est-ce que je dirais quand même oui? La réponse est oui.”

Après la performance d'Henry Cavill, de Christopher Reeves ou de Kirk Alyn, tout l'enjeu pour David Corenswet sera de réinventer son Superman à lui. Dans ce nouveau volet, le comédien tente d'humaniser davantage le personnage, le rendant plus léger et drôle et s'appuyant sur la complicité et la tension qui s'instaurent entre Rachel Brosnahan (inoubliable héroïne de La Fabuleuse Madame Maisel) - qui tient le rôle de Lois Lane - et lui.

Il ne reste qu'à attendre la réception du public. La réussite de ce film dépasse la simple carrière de David Corenswet. De son succès, dépend, en effet, la suite des longs-métrages et séries de la franchise DC Comics. Si le réalisateur James Gunn a tenu à atténuer cet enjeu dans diverses interviews - "Il n’y a pas de raison d’en faire des caisses comme cela" - le dernier Superman s'inscrit dans ce contexte. Sans compter les attentes de certains fans, déjà nostalgiques de l'ère Henry Cavill, et qui auraient voulu que ce dernier enfile une fois de plus le justaucorps et les collants de Superman. La promesse est immense donc. La pression aussi.

Sophie Hienard