"All Star Superman", le comics de référence qui a inspiré le film de James Gunn

Détail de la couverture du comics "All Star Superman" - Urban Comics
Derrière chaque film de super-héros se cache un grand comics. En salles le 9 juillet prochain, Superman de James Gunn, s'inspirera en partie d'All Star Superman (2005-2008), du duo écossais Grant Morrison et Frank Quitely. Un récit considéré par les spécialistes et les fans comme la meilleure histoire de Superman jamais racontée.
Atteint d'une forme de cancer incurable, causé par les rayons du soleil, Superman occupe sa dernière année à mettre sa vie en ordre avant de mourir. Au cours de ces ultimes mois, le Kryptonien tente d'assurer la protection de l'humanité et accomplit douze défis pendant lesquels il va notamment révéler sa véritable identité à Loïs Lane.
L'optimisme de Superman
La portée philosophique de cette histoire découpée en douze épisodes - qui confronte un être immortel à sa mort soudaine - ainsi que la sagesse qui se dégage de certaines scènes - où Superman réfléchit au sens de sa vie - a beaucoup contribué à la renommée du comics.
"Autant que je sache, James Gunn ne se sert pas de l'intrigue d'All Star Superman dans son film mais il s'est inspiré du ton de notre comics", précise auprès de BFMTV.com Frank Quitely, rencontré lors du festival de BD d'Angoulême à l'occasion de l'exposition "Superman, le héros aux mille et une vies".

"James Gunn s'est inspiré de l'optimisme du livre et de l'espoir qu'il inspire. Il va raconter tout ça à sa sauce", poursuit le dessinateur. Plusieurs images réalisées pour le comics ont par ailleurs été utilisées dans la promotion du film. "C'est très valorisant que James Gunn ait utilisé mes images", se réjouit-il.
Jamais déçu
Frank Quitely, qui avait 37 ans lors de la publication du premier épisode d'All Star Superman, en 2005, n'aurait jamais imaginé un tel retentissement pour ce comics. "Je recevais le scénario au compte-gouttes, un épisode à la fois. Je n'ai pas compris au début la portée des douze épisodes, qu'ils formeraient une telle histoire."
"Mais à la fin de chaque épisode, j'étais de plus en plus excité de lire le script suivant", enchaîne-t-il. "Je m'attendais à être déçu et je ne l'étais jamais! C'est une histoire très bien structurée par Grant Morrison. La manière dont elle se déploie est très satisfaisante."
"Je lisais chaque script le sourire aux lèvres", assure-t-il encore. "Je ne m'arrêtais pas de sourire parce que cette histoire est si géniale que les scènes se formaient instantanément dans mon esprit en lisant. J'ai su d'emblée que je n'allais pas perdre mon temps en racontant cette histoire."
Histoire émouvante
Très vite, Frank Quitely a été frappé par l'émotion qui se dégageait de l'ensemble. L'épisode 10, en particulier, où Superman sauve du suicide l'adolescente Regan, reste pour lui - et pour beaucoup de lecteurs et lectrices - un grand moment de lecture. "La manière dont elle est sauvée par Superman m'a beaucoup ému."

"Quand je me rends dans des conventions, je rencontre tout le temps des gens qui me racontent qu'ils se sentaient mal quand ils ont commencé à lire All Star Superman et que ce passage les a aidés et a changé quelque chose en eux. C'est un véritable privilège", détaille le dessinateur.
Il se souvient d'avoir ressenti une émotion similaire en lisant une autre scène du comics. "C'est le passage avec les Superman du futur. Il y en a un avec le visage couvert de bandages. On découvre à la fin que c'est notre Superman, qui voulait revenir dans le passé pour revoir une dernière fois son père avant sa mort. Ça m'a soufflé."
Rester fidèle à Superman
Frank Quitely n'était pas aussi familier de Superman que Grant Morrison en commençant All Star Superman. Il a appris à aimer l'homme d'acier en travaillant sur ses aventures. "J'aime que contrairement à Batman, on soit obligé de rester fidèle à la version d'origine de Superman."
"Batman peut être un personnage de comédie ou un psychopathe. Superman, non. Dès que vous mettez en scène un Superman qui use de sa colère pour combattre, ça n'est plus Superman. J'ai davantage compris le concept du personnage en travaillant sur ce livre. Ça m'a fait changer ma vision de Superman."
Travailler sur cette histoire a aussi changé sa manière de voir le monde. "All Star Superman est l'œuvre qui m'a le plus bouleversé, et qui a le plus changé de choses en moi. C'est l'œuvre qui réaffirme le plus l'idée que le fait d'être bon est toujours la bonne chose à faire."
L'ambition de James Gunn
Chaque épisode propose "une multitude de niveaux de lecture différents" - qui sont autant de leçons de sagesse, salue le dessinateur. Dans l'épisode 10, Superman crée ainsi une planète alternative, Terre Q. "Alors qu'il va mourir, il trouve encore la force de créer la vie, de démarrer un nouvel univers où il n'existe pas."

Cet univers, c'est le nôtre: "On voit ensuite Siegel et Shuster, les créateurs de Superman, dessiner le personnage. C'est une référence à la formule 'Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.' C'est une manière de dire que ce n'est pas important de savoir si Dieu existe ou pas - mais que ce qui importe, c'est d'être bon."
Une subtilité difficile à retranscrire visuellement. "C'est une histoire très sincère. Elle fonctionne mieux si elle est dessinée de la manière la plus simple possible", analyse Frank Quitely. "Ce genre d'histoire n'est pas meilleure si elle est racontée d'une manière vague et abstraite, si on ne comprend pas tout ce qui se passe."
Ce sera toute l'ambition du Superman de James Gunn où le super-héros sera incarné par le nouveau venu David Corenswet. Un film dont l'ambition sera aussi de réintroduire auprès du public un personnage dépassé par ses homologues de Marvel - et dont les dernières aventures avec Henry Cavill ont profondément divisé.
All Star Superman, Frank Guitely (dessin) et Grant Morrison (scénario), Urban Comics, 320 pages, 31 euros.