"Quand on fait des films, on prend des risques": Kad Merad réagit à l'échec du film "Papamobile"

"J'ai fait le plus gros succès du cinéma français, je vais peut-être faire le plus grand bide...". Interrogé par Puremédias lors du festival de la fiction de La Rochelle, Kad Merad est revenu pour la première fois sur l'échec du film Papamobile.
Sortie le 13 août dernier, cette comédie de Sylvain Estibal, qui raconte l'histoire d'un faux pape enlevé par un cartel mexicain, a été jugée "ratée" et "pas drôle" par son producteur Jean Bréhat (Tessalit Productions). Résulat: le film n'a été diffusé que dans sept malheureuses salles en France (à Avignon, Bagnoles-de-l’Orne, Saverne, Douvaine, Évian-les-Bains et Romans-sur-Isère).
"Le film devait sortir le plus discrètement possible, c'est ce qu'on appelle dans le jargon une sortie technique. Ça arrive quand on n'est pas forcément très content du résultat. Ça arrive avec plein de films", précise Kad Merad.
"Quand on fait des films, on prend des risques. Quel que soit le film. J'ai pris ce risque et je suis content de l'avoir pris. Dès le départ, le film était très particulier, très insolite, très curieux, très atypique. C'est vrai qu'on a peut-être souffert (du manque) de moyens, il faut le dire. Ça a été très compliqué. Le film est ce qu'il est, moi je l'aime, je le trouve intéressant et insolite. Comme l'a dit le réalisateur, ou ça passe ou ça casse, bon ça a plutôt cassé...", a ajouté le comédien.
Service minimum côté distributeurs
En amont de la sortie du film, les distributeurs The Jokers Films avaient eux aussi confié que le montage définitif de Papamobile était "décevant", et "pas à la hauteur du scénario, du réalisateur, de ses acteurs et des promesses associées."
À tel point que la société a même souhaité, un temps, se débarrasser purement et simplement de la comédie en la proposant en mai à de potentiels nouveaux acheteurs lors du Marché du film cannois. Hélas. Là encore, elle n'a convaincu personne.
Anticipant un tollé notoire, The Jokers Films, qui avait déjà déboursé environ 80.000 euros pour acheter le scénario, a donc fait le service minimum en sortant le film sur un très faible nombre de salles (juste ce qu'il faut pour satisfaire les obligations du CNC) et en s'épargnant tout marketing, ou presque - seulement une affiche et une bande-annonce d'une trentaine de secondes. Une stratégie qui fortement déplu au réalisateur du film Sylvain Estibal, auréolé du César du meilleur premier film en 2011 pour Le Cochon de Gaza.
"[Certains spectateurs] ont jugé le film hors normes, fou, amusant, et ne comprennent pas que sa sortie soit ainsi sabordée", avait-il affirmé dans un droit de réponse publié mercredi sur X.
Le cinéaste avait alors défendu Papamobile, soulignant le "manque de moyens" de son second long-métrage - tourné en 24 jours au Mexique en 2023 avec seulement 1,2 million d'euros de budget - et son côté nanar "assumé" et "revendiqué".
"On parle maintenant d'un film culte"
Malgré tout, la polémique a permis d'offrir un coup de projecteur au film. Si le nombre d'entrées de Papamobile n'a pas encore été communiqué, Kad Merad se réjouit de cet engouement soudain pour le film dans lequel il a joué "avec beaucoup de plaisir".
"Ce qui est curieux, c'est que le film, on en a beaucoup parlé et paraît-il même il y a eu des salles de plus en plus remplies, et ça a finalement donné envie aux gens d’aller le voir."
"Les gens ont besoin de se faire leur propre opinion. Il faut arrêter de parler à la place des autres. Et finalement on parle maintenant d'un film culte", note Kad Merad.
Et l'acteur de conclure: "j'ai fait le plus gros succès du cinéma français, je vais peut-être faire le plus grand bide... Je suis un peu danseur classique, je fais le grand écart. Ça s'appelle une vie d'acteur et j'espère continuer à avoir des surprises comme ça. C'est ça le métier".