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"Papy fait de la résistance": assassiné par la critique à sa sortie, le film ressort dans 300 salles

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Avec quatre millions de spectateurs et de multiples rediffusions à la télévision, "Papy fait de la résistance" est aujourd'hui un film culte. Pourtant, à sa sortie, en 1983, les critiques n'étaient pas de cet avis.

"Navrant", "vulgaire provocation", "sujet éculé", "pas drôle"... Les critiques n'avaient pas assez de qualificatifs violents pour dire leur dégoût de Papy fait de la résistance, sorti en salles le 26 octobre 1983.

Cela n'a pas empêché le film de Jean-Marie Poiré, adapté d'une pièce de Martin Lamotte et Christian Clavier, d'attirer plus de 4 millions de spectateurs en salles et, multirediffusé à la télévision, d'accéder au statut de film culte, dont le public connaît certaines répliques par cœur.

Papy fait de la résistance ressort ce dimanche 5 octobre dans 300 cinémas en France, en version restaurée 4K. Il fallait bien cela pour rendre hommage au casting incroyable de ce film, démoli par la critique, passée à côté de cette parodie de film guerre et de résistance.

"Le film n'est pas drôle"

"On reste coi face à tant de vulgarité et d’indigence. Pas un soupçon d’invention", assénait ainsi le critique du Parisien libéré. L'Humanité y a vu "le fruit de la raillerie la plus désolante et de la plus vulgaire provocation", regrettant un "rire" qui "sent un peu la naphtaline".

Libération a trouvé que le film manquait de rythme et titré "Papy fait de l’asthme". "Papy fait de la résistance se traîne et les acteurs s’essoufflent! (...) Même pas un mauvais montage: un découpage cotonneux, inexistant, plat comme une plaine."

Pas beaucoup mieux dans les colonnes du Figaro, pour qui "l’anecdote étouffe sous le spectacle, et le budget qu’il suppose est tout aussi pesant sans doute que le scénario".

Quant au réalisateur Nicolas Boukrief, à l'époque critique pour le magazine Starfix, il n'a pas apprécié non plus, écrivant: "Le film n’est pas drôle. Voilà. On s’y ennuie car aucune cible n’est vraiment définie, aucune vanne ne fait mouche."

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Pas plus que les autres il n'a été sensible à Jacques Villeret dans la peau de Ludwig von Apfelstrudel, demi-frère d'Hitler, chantant Je n'ai pas changé de Julio Iglesias à Jacqueline Maillant. Une séquence jugée "navrante" par le journaliste du Parisien libéré.

"Considéré comme très choquant"

L'action de Papy fait de la résistance se déroule à Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1943, un hôtel particulier est réquisitionné pour accueillir le général Spontz (Roland Giraud). Les habitants sont contraints de vivre à la cave. La cohabitation est d'autant plus difficile que l'un des membres de la famille est le célèbre "Super-Résistant" (Martin Lamotte).

"Papy a été considéré comme très choquant", se souvient Jean-Marie Poiré interrogé par TF1. "C'était irrévérencieux, c'était politiquement incorrect. Tout ce que j'aime!", s'enthousiasme-t-il.

Malgré les critiques, le film cartonne aussitôt. "Le succès de Papy est assez mystérieux. On rencontre autour de soi beaucoup de gens que le film n’a pas amusés", écrivait alors Le Monde, dubitatif.

Pourtant, le public était bien au rendez-vous. Même s'il est sorti le même jour que Le Marginal, avec Jean-Paul Belmondo, alors dans sa période films à grand spectacle, un vrai pari pour le producteur Christian Fechner.

"On avait réservé une table dans un restaurant en face pour voir les entrées du cinéma. Moi, j'arrive un petit peu en retard et je le trouve livide. Du côté de Jean-Paul Belmondo, il y avait une queue qui descendait jusqu'au rond-point des Champs-Elysées. Et pour Papy, personne…", raconte Jean-Marie Poiré à TF1.

"Une vraie reconstitution historique"

Le distributeur les détrompe vite: "lls avaient tous du champagne dans la main pour fêter le démarrage. "On casse tout, on casse tout! On est devant Belmondo!", lui disent-ils. Jean-Marie Poiré et Christian Fechner s'étaient simplement trompés d'horaire, les spectateurs pour la séance de Papy fait de la résistance étaient déjà entrés.

Papy fait de la résistance a fait 4.104.082 entrées... et Le Marginal 4.956.822.

Doté d'un gros budget, Papy fait de la résistance réunit les grands humoristes de l'époque. Autour du Splendid, on retrouve Michel Galabru, Jacqueline Maillan, Jacques Villeret, Roland Giraud, Jean Yanne.... Manque Louis de Funès, à qui le film est dédié, et qui avait accepté d'y tenir un rôle. L'acteur est malheureusement mort avant le début du tournage, le 27 janvier 1983.

"C'est une vraie reconstitution historique qui tient la route, beaucoup d'acteurs qu'on adore. C'est un film grand public, d'une très grande qualité, qui a été un énorme succès et ça a fait partir nos carrières respectives qui ont explosé", évoquait Christian Clavier en septembre dernier au micro de BFMTV.

Magali Rangin