"Nos politiques interdisent toute forme de discrimination", Warner Bros. Discovery s'oppose au boycott des institutions israéliennes

Le logo Warner Bros. sur un château d'eau au Warner Bros. Studio le 12 septembre 2025 à Burbank, en Californie. - MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA
Après Paramount, c'est au tour de Warner Bros. Discovery de réagir officiellement à l'appel au boycott des institutions cinématographiques israéliennes lancé en septembre dernier par Film Workers for Palestine. Le studio met en garde contre une initiative qu'il juge contraire à ses valeurs fondamentales dans une déclaration transmise à Variety.
"Warner Bros. Discovery est engagé à favoriser un environnement inclusif et respectueux pour ses employés, collaborateurs et autres parties prenantes", a déclaré un porte-parole du studio.
"Nos politiques interdisent toute forme de discrimination, y compris la discrimination fondée sur la race, la religion, l'origine nationale ou l'ascendance. Nous pensons qu'un boycott des institutions cinématographiques israéliennes viole nos politiques."
Le géant du divertissement précise néanmoins respecter "les droits des individus et des groupes à exprimer leurs opinions et à défendre des causes", tout en promettant d'aligner ses pratiques commerciales "avec les exigences de nos politiques et de la loi".
Un mouvement qui divise Hollywood
En septembre 2025, une pléiade de figures de l'industrie – parmi lesquelles Olivia Colman, Emma Stone, Mark Ruffalo et Javier Bardem – ont signé une pétition publiée dans The Guardian en réponse à l'offensive israélienne à Gaza, sous la bannière Film Workers for Palestine. Le mouvement s'inspire explicitement de Filmmakers United Against Apartheid, créé en 1987 par Jonathan Demme et Martin Scorsese qui exigeait que l'industrie américaine refuse de distribuer des films en Afrique du Sud sous l'apartheid.
Dans leur tribune, ces cinéastes indépendants, producteurs, critiques et professionnels du secteur s'engagent à éviter de travailler avec les institutions cinématographiques israéliennes "impliquées dans le génocide et l'apartheid contre le peuple palestinien".
Film Workers for Palestine définit la "complicité" comme incluant "le blanchiment ou la justification du génocide et de l'apartheid, et/ou le partenariat avec le gouvernement qui les commet". L'organisation cible des institutions telles que le Jerusalem Film Festival, le Haifa International Film Festival, Docaviv et TLVFest.
Elle précise que les citoyens israéliens d'origine palestinienne ne seraient pas soumis au même boycott, avec des directives "sensibles au contexte" appliquées à leur égard. Le collectif insiste également sur le fait que le boycott ne vise pas les professionnels juifs ou israéliens en tant qu'individus, mais bien les institutions jugées complices.
Un mois après la publication du texte, le nombre de signataires est passé de 1.200 à 8.000 professionnels. En réponse, plus de 1.200 professionnels du cinéma, dont Liev Schreiber, Mayim Bialik et Debra Messing, avaient signé une lettre ouverte rejetant le boycott - divisant Hollywood.
Un boycott contraire à la loi ?
Des associations d'avocats des deux côtés de l'Atlantique ont averti que ce boycott pourrait violer les lois sur l'égalité, selon les informations de Variety. Le groupe UK Lawyers for Israel avait prévenu les studios, agences et syndicats que cet engagement était contraire à la loi, en particulier de l'Equality Act 2010, créant "un risque élevé de litige". Cela pourrait également avoir des répercussions sur les assurances et le financement des films.
Aux États-Unis, le Louis D. Brandeis Center for Human Rights Under Law de Washington a également averti que "de nombreuses lois fédérales et étatiques sur les droits civiques interdisent clairement" ce boycott.
Mi-septembre, Paramount était devenu le premier studio à réagir au boycott. Melissa Zukerman, directrice de la communication du studio, avait déclaré que Paramount n'était "pas d'accord avec les efforts récents visant à boycotter les cinéastes israéliens".
"Faire taire des artistes créatifs individuels en fonction de leur nationalité ne favorise pas une meilleure compréhension ni ne fait avancer la cause de la paix", poursuivait la directrice de la communication. "L'industrie mondiale du divertissement devrait encourager les artistes à raconter leurs histoires et à partager leurs idées avec le public du monde entier. Nous avons besoin de plus d'engagement et de communication – pas moins."