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"Les Bronzés 3", Julia Roberts et les impôts... L'interview inédite de Michel Blanc en 2023

L'acteur Michel Blanc en 2016 au festival de Cannes

L'acteur Michel Blanc en 2016 au festival de Cannes - PHILIPPE LOPEZ / AFP

Comédies Club Spécial Michel Blanc (5/5) - Cet été, BFMTV rend hommage au génial acteur des Bronzés. Dans cet ultime épisode, nous diffusons des extraits inédits d'une interview réalisée pour ce podcast en 2023.

Lors d'une précédente saison de notre podcast Comédies Club, Michel Blanc avait accepté de raconter l'histoire de Grosse Fatigue, une comédie atypique, noire, à l’humour grinçant et parfois dérangeant. Un film qu'il avait réalisé en 1994, et où il joue un acteur dont la vie vole en éclats lorsqu’un sosie prend sa place.

Au printemps 2023, nous nous étions vus près de trois heures dans le restaurant d’un hôtel de la place des Vosges, non loin de chez lui. Ce jour-là, il était arrivé avec un peu de retard. Mais il avait raconté avec passion l’histoire de ce film qui lui avait valu le prix du scénario à Cannes et un grand succès en salles.

Entre chaque réponse sur Grosse Fatigue, Michel Blanc pouvait digresser plusieurs minutes. Il livrait des réflexions passionnantes sur sa carrière. Il évoquait sans langue de bois ses réussites comme ses échecs. Des anecdotes truculentes que nous avions dû couper au montage du podcast pour nous concentrer sur Grosse Fatigue.

"Les Bronzés 3", Julia Roberts... L'interview inédite de Michel Blanc en 2023
"Les Bronzés 3", Julia Roberts... L'interview inédite de Michel Blanc en 2023
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En son hommage, nous partageons ici une partie restée inédite de cet entretien. Michel Blanc avait une vision très précise de l’industrie du cinéma. Il avait notamment raconté pourquoi il était si difficile de se renouveler après un succès. Un phénomène qui explique pourquoi il n'a jamais réussi à aimer Les Bronzés 3, sorti en 2006.

• "Les Bronzés 3"

"C'est très difficile de se renouveler quand on a eu un très gros succès parce qu'on a peur de perdre le public (...) Clavier nous a dit: 'C'est perdant-perdant. Si on fait autre chose, les gens vont nous dire, 'Ce n’est pas ce qu'on vous demande'. Et si on fait Les Bronzés 3, ils vont vous dire, 'on est déçu'.' On a choisi de les décevoir."

La scène finale, où les personnages sont confondus avec des migrants et renvoyés vers un avenir peu prospère, aurait été une bonne piste à développer, avait-il estimé. "Ça aurait été formidable. On se serait fait jeter (par le public), mais ça aurait été un film d'auteur. C'est une idée qui m'amusait beaucoup aussi."

Il avait imaginé à quoi aurait pu ressembler le film si ils avaient continué sur cette piste: "Dès le départ, ils arrivent (...) dans un camp de migrants. Et avec les difficultés de vie dans ces camps-là, ça aurait été un autre film, ça aurait été (dans le style des) frères Coen", s'était-il réjoui.

• Ses nanars avec Adjani et Julia Roberts

Michel Blanc avait aussi parlé de ses choix atypiques, loin du Splendid. Ces films lui avaient permis de tourner avec des grands noms du cinéma. Des films pas toujours à la hauteur de leur réalisateur, admet-il volontiers: Prospero's Books de Peter Greenaway, Prêt-à-porter de Robert Altman et Toxic Affair, une comédie avec Isabelle Adjani.

"Toxic Affair, ça n'a été une réussite pour personne, surtout pas pour Adjani! Je n'ai aucun souvenir du film, du tournage, mais la metteure en scène, Philomène Esposito, a fait des déclarations disant qu'elle avait été complètement étouffée, que ce n'était pas elle qui commandait et que le film est raté."

Fidèle à son franc-parler, il avait ajouté: "Je suis dans un des plus mauvais films qu'il ait fait, avec un rôle pas très intéressant, mais j'ai tourné avec Robert Altman!" Sur le tournage de ce film, Prêt-à-porter, il avait croisé des stars comme Sophia Loren et Julia Roberts.

"Julia Roberts n'était jamais avec nous. On nous disait qu'elle était parfaitement chiante. Elle s'arrangeait pour être seule dans un coin à se faire maquiller (...) Elle m’est extrêmement antipathique, Julia Roberts. Je vous le livre tel quel. Je ne la connais pas. Je ne peux pas dire du mal d'elle, mais je pense du mal d'elle", s'était-il amusé.

L'actrice Sophia Loren lui a laissé un bien meilleur souvenir. "J'ai longuement discuté avec Sophia Loren, qui était l'idole absolue de mon père", avait-il ajouté. "Sophia Loren m'avait dit: 'Vous savez que mes enfants n'arrêtent pas de regarder vos films?' Je me suis dit 'mais dans quel monde est-ce que je suis tombé?' C'était Alice au pays des merveilles!"

• Son tournage catastrophe avec Mocky

Michel Blanc avait eu son lot de tournages catastrophiques. Notamment celui d'Une nuit à l'Assemblée nationale, où il avait été contraint de jouer au nudiste en plein hiver devant la caméra de Jean-Pierre Mocky. Pour Michel Blanc, il était normal qu'un acteur ait des navets dans sa filmographie, mais il fallait attention à ne pas trop en avoir...

"On a d'abord droit à l'erreur. Deuxièmement, on a le droit de en temps en temps de faire un truc parce que bon, c'est pas honteux. Et puis, il faut aussi payer ses impôts! Mais il ne faut pas les enchaîner parce qu'au bout d'un moment, c'est très très dur de sortir", avait-il analysé.

• Le film dont il était le plus fier

Michel Blanc s'était aussi confié sur les cinq films qu'il avait réalisés, de Marche à l’ombre à Voyez comme on danse. Ses films étaient très atypiques, souvent éloignés des codes des comédies françaises traditionnelles. Entre deux anecdotes sur Grosse fatigue, il était revenu sur son troisième film, Mauvaise passe (1999).

Après le succès de Grosse fatigue, Michel Blanc avait pris un énorme risque avec cette comédie sur des escorts avec Daniel Auteuil. Il était très fier de ce film méconnu qu’il avait réalisé à Londres et tourné en langue anglaise. "Le film n'a pas marché, mais c'est ce que j'ai fait de mieux en mise en scène", avait-il estimé.

• Ses regrets

Michel Blanc avait aussi confié ses regrets sur son dernier film, Voyez comme on danse (2018). Une suite d’Embrassez qui vous voudrez, qui avait rencontré un grand succès en 2002. "Le problème que j'ai eu, c'est que je ne savais pas vers où on allait et à la fin, ça se sent. Le dernier tiers, je suis un peu à la godille. J'ai fait 18 versions (de scénario)."

Et d'ajouter: "C'est surtout à cause de la fin. J’avais une idée imbécile. Je voulais qu'à la fin, ils soient tous réunis (...) dans un bar comme sur l'affiche du premier. Je pensais que ce serait un clin d'œil amusant que ça se termine par l'affiche du premier. Et bien c’était une idée con. Amusante, mais con."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV