"L'interview qui tue": et maintenant, que va devenir le film?

Randall Park dans "L'interview qui tue" - Ed Araquel - CTMG
Il n'y aura pas d'Interview qui tue à Noël, les "gardiens de la paix" en ont décidé autrement. Sony Pictures a décidé jeudi que le film, qui se moque la Corée du Nord et son dictateur Kim Jong-Un, ne sortirait pas en salles.
Un geste motivé par la décision des principales chaînes de salles de cinéma américaines de ne pas programmer le film. Et par le chantage des pirates, qui disposent de nombreuses données secrètes sur Sony, volées lors de la cyber attaque de novembre dernier.
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Le blog de Coelho ou le cinéma de George R. R. Martin
"Sony Pictures n'a plus aucun projet de sortie pour le film", a indiqué mercredi le studio, qui, selon Variety pourrait perdre 75 millions de dollars. Douchant ainsi les espoirs de ceux qui misaient encore sur une sortie en VOD, comme le souligne le Hollywood Reporter.
Sur le web, certains appellent à diffuser le film sur Internet. Comme l'écrivain Paulo Coelho, qui a offert jeudi d'acheter pour 100.000 dollars les droits du film et de le diffuser gratuitement sur son blog.
L'auteur de best sellers, qui se pose en pourfendeur de terroristes, en profite pour taper sur Sony. Coelho met en doute la version du studio, sous prétexte que des films sud-coréens ont déjà tapé bien plus fort sur le régime nord-coréen.
L'auteur de la saga Game of Thrones, George R. R. Martin, est, lui, propriétaire d'une salle de cinéma à Santa Fe au Nouveau Mexique. Dans une diatribe sur son blog, il assassine Sony et les grands groupes, dont "la plupart pourrait acheter la Corée du Nord avec leur petite monnaie".
Et propose de diffuser le film dans sa salle, le Jean Cocteau Cinema. "Viens à Santa Fe, Seth, on va montrer ton film", conclut-il.
Des fuites sur Internet
Mais l'avenir le plus probable de L'interview qui tue est en ligne, comme le pressent l'ancien président du festival de Cannes, Gilles Jacob pour qui le film "fuitera probablement sur Internet". Pour le magazine en ligne The Verge, "Sony devrait sortir L'interview qui tue en ligne. Dès maintenant". Si pour The Verge, Sony a pris la bonne décision, en ne prenant pas les menaces à la légère, "il est idiot de penser, même pour les hackers, que L'interview qui tue va tout simplement disparaître, ou que la vie d'un film commence et se termine dans le multiplex en bas de chez soi".
Même Mitt Romney, (l'ancien candidat républicain à la présidentielle américaine), grand défenseur de la liberté, encourage Sony à diffuser gratuitement le film en ligne et à lancer une souscription auprès des spectateurs pour récolter des fonds afin de combattre Ebola.
"Mettez-le sur Internet"
L'acteur George Clooney s'adressant à Sony, a lui aussi demandé: "Mettez-le sur internet. Faites tout ce qu'il faut pour que ce film soit diffusé". "Nous ne pouvons pas nous laisser dire par Kim Jong-Un (...) que nous ne pouvons pas voir quelque chose". C'est "très dangereux".
La décision du studio, inédite dans l'histoire du cinéma, intervient après les menaces proférées par le groupe GOP ("Les gardiens de la paix"), émanant sans doute de la Corée du Nord. Les pirates, à l'origine de la cyber attaque de Sony Pictures, le 24 novembre, ont en effet promis dans un communiqué mercredi un "destin tragique", à ceux qui verraient le film en salles, allant jusqu'à évoquer le 11-Septembre.
En attendant, les affiches du films se vendent comme des petits pains sur eBay.
