"L'intelligence artificielle n'a pas de sentiment": menacés, les comédiens de doublage manifestent

Des comédiens de doublage s'inquiètent de l'impact de l'intelligence artificielle sur leur métier. Ils demandent des contrats garantissant la protection de leur voix et appellent l'État à réguler l'intelligence artificielle (IA) dans l'animation.

Face à l'intelligence artificielle, les comédiens de doublage dont Brigitte Lecordier, la voix française de Son Goku dans Dragon Ball, se mobilisent ce mardi 3 décembre. Cette figure du doublage refuse de voir l'IA la remplacer et en dénonce les limites.

"L'IA n'a pas de sentiment. Elle n'est pas partie de chez elle ce matin avec un enfant malade ou avec plein de soleil dans son cœur. Ton personnage, il appuie à un moment avec des gestes, et du coup, tu vas appuyer sur les mots. Ça, l'IA ne peut pas le voir", insiste Brigitte Lecordier au micro de BFMTV.

Un rassemblement des artistes de doublage aura lieu ce mardi à 11h30 à Paris, place Diaghilev, juste derrière l'Opéra Garnier. Et sera suivi ce soir par une Assemblée Générale pour décider des actions à suivre.

Pour alerter le public, Brigitte Lecordier a aussi adapté en français un petit film d'animation américain avec l'aide d'Emmanuel Curtil, la voix française de Jim Carrey. "C'est tout un secteur d'activité qui risque de s'effondrer", alerte-t-il.

15.000 emplois dont 5.000 comédiens

La filière doublage représente en France 15.000 emplois dont 5.000 comédiens intermittents répartis sur une centaine d’entreprises, principalement en Île-de-France, rappelle dans un communiqué le collectif #TouchePasMaVF.

"Les Versions Françaises représentent en moyenne 85 % des entrées cinéma des films étrangers en France. Le doublage est une composante indéniable de notre culture et participe au rayonnement de la francophonie", souligne encore le communiqué.

Les comédiens en appellent donc au soutien des grands studios de production. "Il faut essayer qu'il y ait un contrat qui nous protège", martèle Brigitte Lecordier. "Il n'y a pas de clause prévue à cet effet dans nos contrats ", déplore Emmanuel Curtil.

"Il faut vraiment l'ajouter pour avoir la garantie que notre voix ne sera pas réutilisée", poursuit le comédien, qui demande aussi à l'État de légiférer pour réguler le développement de l'intelligence artificielle dans les œuvres culturelles.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV