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"Je ne me suis jamais entraînée aussi intensément pour un film": Marine Vacth revient sur le tournage de "Badh"

L'actrice Marine Vacth dans "Badh", de Guillaume de Fontenay

L'actrice Marine Vacth dans "Badh", de Guillaume de Fontenay - Pan Distribution

Tête d’affiche de Badh, un Jason Bourne à la française et au féminin, en salles ce 6 août, l’actrice ose un rôle ultra-physique, loin de ses standards habituels. Rencontre.

Elle court, roule, vise, tournoie sur elle-même, appuie sur la gâchette, file à toute allure sur sa bécane, se cache, se bat, souvent crûment, donne des coups, en prend, en évite. Peu de mots, plutôt des poings et des tirs nets et efficaces. Marine Vacth, 34 balais, révélée en 2013 dans le Jeune et Jolie de François Ozon, s’essaie pour la première fois (et avec brio) au film d’action aux côtés de Niels Schneider (généreux aussi dans le genre) et d’Emmanuelle Bercot dans Badh de Guillaume de Fontenay, en salles ce 6 août.

L’actrice y incarne une agente secrète française chargée d’éliminer un trafiquant d’armes en Syrie mais qui, trahie par la DGSE, décide de disparaître sans laisser de trace et de refaire sa vie sous le soleil marocain jusqu’au jour où son compagnon est pris pour cible. Rattrapée par son passé, elle fonce tête baissée vers la vengeance. Un rôle très physique, inédit, qui pourrait marquer une nouvelle étape dans la carrière de sa comédienne.

Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce rôle?

Marine Vacth: Cela faisait longtemps que j'avais envie de jouer dans un film d'action. Et cette proposition est arrivée à un moment où j'avais justement envie de reprendre un art martial. Plus jeune, j’ai en effet pratiqué le judo pendant quelques années, avant d’arrêter à l’âge de quinze ans. J'avais également été très impressionnée par le premier film de Guillaume de Fontenay, Sympathie pour le diable [porté par Niels Schneider et sorti en 2019, ndlr]. Ce film, Badh, est arrivé au bon moment.

Vous propose-t-on souvent ce genre de rôle d’action, très physique?

Non, c'était la première fois.

Pourquoi ces rôles sont-ils aussi rares selon vous?

Le cinéma français en produit peu, contrairement à Hollywood, qui fabrique en quantité des films d’action à gros budget, et qui sait d’ailleurs très bien les réaliser. Peut-être aussi qu'il est moins évident pour les cinéastes d'imaginer un acteur dans un univers très différent de celui qu’il côtoie habituellement.

Ces rôles d'action semblent devenir un passage obligé dans la carrière des actrices françaises. Nombre d’entre elles s’y sont essayées, à l’instar de Mélanie Laurent, Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux ou Marion Cotillard récemment.

Je ne crois pas. Les acteurs et les actrices sont souvent ravis de se confronter à un nouvel univers. Mais tout le monde n'y est pas sensible pour autant, ni en tant que spectateur, ni en tant qu’acteur.

Concrètement, comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle?

Je me suis remise au sport avec un entraîneur physique cinq mois avant le tournage, ce qui était vraiment nécessaire pour retrouver un bon cardio, gagner en explosivité musculaire et tenir le rythme très soutenu du film. Et un mois avant le début du tournage, j'ai travaillé avec Alexandre Vu, le régleur cascade du film, et son équipe. Nous nous sommes vus trois fois par semaine. Le but était d’apprendre les rudiments du métier de cascadeur, c’est-à-dire apprendre à chuter quand on reçoit un coup, en donner et en recevoir sans se toucher, à manier des armes, à se déplacer, ou encore à s'adapter à la mise en scène puisque les coups doivent être portés d'une certaine façon selon l'angle de la caméra. Et j'ai également suivi pendant quelques jours une formation pour apprendre à conduire une moto. Jusqu’alors, je n’étais jamais montée sur une moto... alors qu’il fallait que mon personnage soit une motarde très aguerrie. Mais j’ai bien sûr été doublée lors de ces scènes.

Justement, comment avez-vous travaillé avec les cascadeurs et les cascadeuses?

J'ai essentiellement été doublée par Alexandra Boisseau, qui m'a épaulée pendant tout le tournage, qui a duré trente jours, ce qui est assez peu pour un film de ce type. Mais j’ai quasiment tout fait. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’avais très envie de faire ce film: m’investir pleinement dans le rôle, dans les combats, les scènes très physiques et les cascades, dans la mesure du possible bien sûr. J’ai été entourée par une équipe de cascadeurs formidable, tant humainement que professionnellement.

Y a-t-il une scène d’action qui vous a particulièrement marquée?

Il y a une scène de combat dangereuse à tourner, qui oppose le personnage joué par Niels Schneider au mien dans un escalier très abrupt, étroit, avec des marches coupantes. Nous donnions le relais à nos doublures cascades d’étage en étage, dès qu’il fallait jouer des chutes dans l’escalier. Nous faisions donc tout, sauf les chutes et les roulés-boulés dans l’escalier.

Était-ce la première fois que vous travailliez avec une cascadeuse?

Oui, ce qui était très intéressant. Elle était toujours à mes côtés pour m’aiguiller dans les gestes, les postures à adopter. Sa présence était primordiale.

Avez-vous apprécié cette expérience de tournage?

Beaucoup, même si c'était très intense. Je ne me suis jamais entraînée aussi intensément pour un film!

Pourriez-vous refaire d'autres films d’action?

Oh oui, j'adorerais. J’aimerais pouvoir m’entraîner encore plus longtemps et de manière encore plus soutenue si une nouvelle opportunité de la sorte se présentait. Et j’aimerais faire encore plus de choses pendant le tournage, plus de combats, de scènes physiques...

Avez-vous déjà des propositions en ce sens?

Non, pas encore.

Jouer à Hollywood, où ces rôles sont plus nombreux et plus culturels, ça vous tente?

Si on me propose un projet intéressant, absolument!

Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre collaboration avec le cinéaste Guillaume de Fontenay?

Travailler avec Guillaume fut réjouissant. Il est précis dans sa mise en scène, dans ses intentions. Il est attentif au moindre détail et son regard est juste, sensible. Ses références premières étaient les Jason Bourne de Paul Greengrass, des films qui m'enchantent profondément en tant que spectatrice. Guillaume souhaitait s’approcher, plus modestement bien sûr, d’un univers, d’un personnage comme celui-ci, mais au féminin. Ce qui m’a immédiatement donné envie de travailler avec lui.

Quels sont les autres films dans lesquels vous serez prochainement à l’affiche?

J'ai tourné dans Plus forts que le diable de Graham Guit, avec Melvil Poupaud, Asia Argento et Nahuel Perez Biscayart. Un thriller qui sera prochainement à l'affiche. Et en septembre, je tournerai dans un film d’aventure réalisé par Clovis Cornillac.

Estelle Aubin