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Cinéma

Comment Franck Dubosc change son image avec son nouveau film "Rumba la vie"

Franck Dubosc dans "Rumba la Vie"

Franck Dubosc dans "Rumba la Vie" - Copyright Arnaud Borrel - 2022 GAUMONT - POUR TOI PUBLIC PRODUCTIONS – TF1 FILMS PRODUCTION – UMEDIA

Quatre ans après le succès de Tout le monde debout, l'humoriste repasse derrière la caméra avec Rumba la vie, une comédie douce-amère où il change pour la première fois de sa carrière de registre.

Il arrive généralement un moment, dans la carrière d'un humoriste, où celui-ci cherche absolument à être pris au sérieux, à devenir un acteur dramatique. C'est le cas de Franck Dubosc, qui après 25 ans à jouer des personnages attachants de beaufs et de dragueurs lourdingues, propose enfin une facette inédite de sa personnalité dans sa seconde réalisation Rumba la vie, au cinéma ce mercredi.

Dans cette comédie douce-amère, où il donne la réplique à Jean-Pierre Darroussin et Michel Houellebecq, Dubosc incarne Tony, chauffeur d’autobus scolaire misanthrope, persuadé d'être passé à côté de sa vie. Il vit seul après avoir abandonné femme et enfant vingt ans plus tôt. Bousculé par un malaise cardiaque, il décide d'affronter son passé et de s’inscrire incognito dans le cours de danse dirigé par sa fille, qu'il n'a jamais connue, dans le but de donner un sens à sa vie.

Pour la première fois de sa carrière, Franck Dubosc n'essaye pas de faire rire son public. Un rôle inhabituel pour lui, qu'il n'a pas prédémité, assure-t-il.

"J'aurais pu le faire jouer par quelqu'un d'autre, pour justement éviter qu'on se dise, 'tiens, il a voulu changer de rôle'. Car je n'ai pas voulu changer de rôle", insiste l'humoriste.
"Je l'aurais fait avant, sinon", ajoute le comédien, passé derrière la caméra il y a quatre ans avec Tout le monde debout. "C'est juste qu'il avait ce rôle-là de disponible, et je l'ai pris. Je ne l'ai pas écrit pour moi. Je n'ai pas vraiment envie de prouver ou de me montrer à moi-même que je sais jouer ça. Je sais que je sais le jouer. Mais c'est moins agréable à jouer que la comédie."

"Je me demande si je suis quelqu'un de bien"

À l'écran, Franck Dubosc endosse une apparence plus sévère. Il a peaufiné chaque détail de son costume. Avec ses cheveux gominés vers l'arrière, sa moustache à la Jean-Pierre Marielle et ses santiags, il est volontairement "très vintage", s'amuse-t-il.

"Je voulais qu'il ressemble aux papas des gens de mon âge, pas aux papas modernes. Je voulais que le spectateur puisse y voir son papa."

Franck Dubosc confirme toutefois avoir voulu se "reposer" de lui-même. "Comme je suis réalisateur, et que je devais me diriger soi-même, je ne voulais pas risquer de me tromper en essayant de faire rire. Si je me mettais à trop jouer de manière comique, je risquais de passer à côté de la vérité et de la sincérité du personnage." L'acteur-réalisateur a ses raisons pour être aussi impliqué: le film est adressé à ses enfants.

Rumba la vie est né de la culpabilité d'avoir dû fréquemment abandonner ses enfants pour tourner. "J'ai peur qu'un jour ils me disent 'papa, quand on était petits, t'étais pas là'. Ce film ne leur prouvera rien, parce qu'ils auront oublié quand ils seront grands. Mais pour moi, c'était comme un exercice de style: je me disais que ce serait intéressant de voir si on pouvait aimer un tant soit peu un personnage qui a été autant absent."

Cette thématique hante Franck Dubosc: "J'aime écrire sur des gens qu'on n'aime pas a priori et les rendre aimables." Comme s'il voulait prouver qu'il était plus complexe qu'il n'y paraît.

"C'est une volonté de dire que je ne suis pas exactement celui qu'on croit - pas de le dire aux autres, mais de me le dire à moi-même. Je culpabilise de plein de choses et je me demande souvent si je suis quelqu'un de bien."

"Conjurer le sort"

À l'approche de la soixantaine, Franck Dubosc pense de plus en plus à la mort. Il a écrit l'année dernière un téléfilm inspiré par la disparition de son père, La Dernière Partie. Et dans Rumba la vie, il joue un cinquantenaire menacé par un cancer mortel: "Ce n'est pas que ça m'obsède, mais j'ai toujours écrit sur les choses qui concernaient ma vie, dont je pouvais parler parce que je les connais", modère Franck Dubosc. "Là, c'est un petit peu plus tôt que ce qu'on pourrait croire, comme pour conjurer le sort."

Cette dimension mélancolique, déjà présente dans ses films écrits avec Fabien Onteniente (Camping, Disco), le pousse à enfin mettre de côté les rôles de dragueurs lourdingues qui l'ont fait connaître. "Ces personnages ont été une parenthèse dans ma vie. C'était uniquement pour plaire. On me demandait de les jouer, et je donnais. Ce n'est pas du tout ma vie. Ça m'a terriblement amusé, mais maintenant je joue ce que j'ai toujours voulu jouer. J'écris pour moi, pour me faire plaisir et qui m'aime me suive."

Franck Dubosc souhaite désormais embrasser sa nouvelle carrière de metteur en scène. "Mon premier désir a toujours été d'être réalisateur. Puis je me suis rendu compte qu'être réalisateur, c'était diriger et éventuellement se faire détester. Donc j'ai abandonné l'idée parce que mon but était de me faire aimer. Puis, avec le temps, avec l'expérience, j'ai compris qu'être réalisateur, c'était montrer aux gens qu'on a besoin d'eux". À terme, il envisage de s'effacer complètement derrière ses films. "Ce seront des histoires avec des personnages plus jeunes, et je ne jouerai plus dedans."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV