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Cinéma: ces films tête-brûlée qui sortent face à Star Wars VII

"La chambre secrète", "Le goût des merveilles", "Le grand jeu": ces trois films sortent le 16 décembre prochain, le même jour que "Star Wars: Le réveil de la Force".

"La chambre secrète", "Le goût des merveilles", "Le grand jeu": ces trois films sortent le 16 décembre prochain, le même jour que "Star Wars: Le réveil de la Force". - ED Distribution - UGC Distribution - Bac Films - Montage BFMTV.com

Y aura-t-il de la place et surtout un public pour les films qui vont sortir ce mercredi 16 décembre face à Star Wars VII: Le réveil de la Force?

Comment l'ignorer? Mercredi 16 décembre, sort le septième volet de Star Wars, le tant attendu Réveil de la Force. Les fans découvriront, tremblants mais excités, si J. J. Abrams les a "trahis" ou s'il a respecté et enrichi l'héritage de George Lucas.

Des mois que Disney matraque le public à grand renfort d'images du tournage et de teasers, titille les fans sur les réseaux sociaux à coup de fuites plus ou moins orchestrées, inonde le marché de produits dérivés en tous genres, squatte les médias. 

Sans surprise, le tsunami Star Wars se profile à l'horizon. A une semaine de la sortie, plus de 300.000 billets ont ainsi déjà été pré-vendus. Un millier de copies doivent être mises en circulation dans les cinémas français. A titre de comparaison, des blockbusters comme Spectre ou le dernier Hunger Games, n'en ont mis "que" 850. Même les cinémas Art et essai jouent des coudes pour avoir leur part de l'Etoile noire et pouvoir diffuser le film. 282 ont obtenu une copie mais Disney a refusé de l'accorder à certains d'entre eux, selon Télérama.

Contre-programmation

Dire que les autres sorties cinéma ce jour-là risquent de passer inaperçu relève de l'euphémisme. Les allergiques au maniement du sabre laser et aux préceptes Jedi ne disposeront pas d'un choix délirant. Aucun blockbuster frais à se mettre sous la dent, à moins d'avoir raté le film de Ron Howard, Au coeur de l'Océan, sorti la semaine précédente.

Qui sont ceux qui ont fait le pari de sortir dans l'ombre de Star Wars? Comédie romantique, film d'auteur, comédie dramatique, documentaire... Face à Disney, les distributeurs ont joué la carte de la contre-programmation. 

"C’est une date assez dure", concède Mathieu Robinet, directeur général de Bac Films, qui distribue Le grand jeu, de Nicolas Pariser, avec Melvil Poupaud et André Dussolier. “C’est un choix de notre part, c’est de la contre-programmation", assume-t-il. "On pense que notre public se compose de gens qui ne vont pas voir Star Wars. C’est un film qui s’adresse à un public plus âgé, il est plus politique, plus cérébral. Et puis on considère qu’une part de la population voudra voir autre chose".

C'est aussi ce qu'espère UGC Distribution, qui gère la sortie du Goût des merveilles, d'Eric Besnard, avec Virginie Efira, une comédie romantique bucolique. Sans minimiser son concurrent qui va "aspirer beaucoup de gens", Henri Ernst, PDG de UGC Distribution, estime que Le goût des merveilles peut avoir sa place, attirer un autre public.

"On s'affronte à un monstre"

Les distributeurs reconnaissent que la date de sortie d'un film est primordiale. "Vingt films par semaine sortent dans les salles, c’est de plus en plus concurrentiel. On joue un peu au jeu du chat et de la souris avec les concurrents pour trouver la bonne date", explique Mathieu Robinet.

La sortie du Disney n'effraie pas UGC, qui a distribué Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu?, plus gros succès au box office français en 2014, le même jour que Baby sitting, dans le même registre. Pour affronter un "monstre" tel que Star Wars, un film doit "être bon", avoir "un univers différent" et bénéficier d'une "promotion efficace", analyse Henri Ernst. 

Faute de pouvoir exister dans les médias, ED Distribution, petite structure qui gère la distribution de La Chambre interdite, a ainsi misé sur une communication originale, avec un jeu de piste sur Internet

Ce film d'auteur canadien avec Mathieu Amalric et Amira Casar, dont une quinzaine de copies seront diffusées uniquement dans les salles Art et essai, ne joue pas dans la même cour que le film de J. J. Abrams. Le raz-de-marée Star Wars ne les inquiète donc pas outre mesure. "S’il ne fonctionne pas, ce n’est pas Star Wars qui sera déterminant", assure Natacha Mussofe, chez ED Distribution, ajoutant: "Le film peut même profiter de la cohue suscitée par le blockbuster et l’envie des gens de voir quelque chose de différent".

Chez Bac Films, comme chez UGC Distribution, on mise également sur "l'effet de report". Les gens qui auront réservé leur soirée, embauché une baby-sitter et se seront cassés le nez devant des files d'attentes décourageantes et des salles combles voudront aller voir autre chose.

Et puis il y a l’effet d'entraînement. “Quand un film va bien, cela se reporte sur toute la filière", assure Mathieu Robinet. En allant au cinéma voir Star Wars, le public va découvrir les affiches d'autres films, des bandes-annonces. Et puis, comme le résume Henri Ernst, "la vie ne s'arrête pas à Star Wars".

Magali Rangin
https://twitter.com/Radegonde Magali Rangin Cheffe de service culture et people BFMTV