Charlotte Gainsbourg dans le rôle de Gisèle Halimi: le fils de l'avocate dénonce ce choix à l'encontre de ses engagements

L'actrice Charlotte Gainsbourg, le 18 mai 2025 au festival de Cannes. - DANIELE CIFALA / NurPhoto / NurPhoto via AFP
La polémique enfle autour du choix de Charlotte Gainsbourg pour incarner l'avocate Gisèle Halimi, dans un film sur le procès de Bobigny. Après une pétition, lancée la semaine dernière, s'insurgeant contre ce choix, c'est au tour du fils de Gisèle Halimi, Serge Halimi, de le contester.
En cause, une tribune dans le Figaro, signée par 20 personnalités dont Charlotte Gainsbourg, contre la "reconnaissance d'un État palestinien sans conditions préalables". Une tribune qui "suspend le droit d’un peuple à exister pendant qu’il est massacré", selon le créateur de la pétition Jean-Marc Nauts, et qui irait à l'encontre des engagements de Gisèle Halimi, disparue en 2020.
L'écrivain et journaliste Serge Halimi a lui aussi pris position dans cette controverse, assurant, dans une tribune publiée par Blast, "la solidarité constante avec Gaza" de sa mère. Et rappelant que, si elle s'était illustrée dans son combat pour l'avortement, elle avait aussi ardemment défendu les Palestiniens.
"Charlotte Gainsbourg vient ainsi, sans l’avoir voulu, de rappeler tout un pan trop peu connu de la vie militante de Gisèle Halimi, du Tribunal Russell sur la Palestine à sa défense de Marwan Barghouti", écrit Serge Halimi.
"Un peuple aux mains nues"
L'avocate, née en Tunisie dans une famille juive, a ainsi été membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine, créé en 2009 pour "mobiliser les opinions publiques afin que les Nations unies et les États membres prennent les mesures indispensables pour mettre fin à l’impunité de l’État d’Israël, et pour aboutir à un règlement juste et durable de ce conflit".
Et en juillet 2014, au moment de la guerre de Gaza, l'avocate avait écrit un texte, publié dans L'Humanité, comme le rappelle encore Serge Halimi: "un peuple aux mains nues est en train de se faire massacrer. L'Histoire jugera, mais n'effacera pas le saccage".
"Le jour où le film sur le procès de Bobigny sortira, Charlotte Gainsbourg sera peut-être interrogée sur la différence fondamentale entre le personnage qu'elle interprète et ses propres convictions, qui la rangent dans le camp peu honorable des avocats inconditionnels d'Israël", conclut-il.
Le film Gisèle est écrit et réalisé par Lauriane Escaffre et Yvo Muller. Il doit évoquer le procès de Bobigny - célèbre procès qui en 1972 a contribué à sensibiliser l'opinion publique sur l'avortement, et ouvert la voie, trois ans plus tard, à la loi Veil dépénalisant l'avortement en France. Cécile de France, Grégory Gadebois, Saul Benchetrit et Florence Loiret-Caille complètent le casting.