Maison Gainsbourg: pourquoi Charlotte pourrait bientôt perdre la gestion du musée

Charlotte Gainsbourg devant la Maison Gainsbourg à Paris le 14 septembre 2023 - ALAIN JOCARD © 2019 AFP
Un avenir encore incertain, et pour le moins ombrageux. Mercredi, Charlotte Gainsbourg aurait dû se rendre au tribunal de commerce de Paris afin d'en savoir un peu plus sur le sort de la maison de son père, devenue un musée en septembre 2023 (projet qu'elle portait depuis ses 19 ans), mais placée en redressement judiciaire le 18 septembre 2024, en raison des lourdes dettes contractées.
Néanmoins, le tribunal a préféré suivre les préconisations de l'administrateur judiciaire. C'est-à-dire: ne pas désigner de nouveau gestionnaire, prolonger la période d'observation et repousser son verdict. Le but? Examiner les offres de reprise déjà déposées et permettre, éventuellement, à de nouvelles propositions d'émerger. Une autre audience a donc été programmée pour le 26 novembre prochain.
Bisbilles en coulisse
La situation de la Maison Gainsbourg, rue de Verneuil à Paris, a pourtant tout d'un paradoxe. Épinglée pour sa gestion irrégulière et sa dette de 1,6 million d'euros, celle-ci jouit pourtant de près de 200.000 visiteurs par an (à 16 euros le ticket). Et affiche complet des semaines à l'avance. Seuls deux petits créneaux sont par exemple encore disponibles d'ici le 2 novembre prochain.
Problème, dans l'ombre, les deux actuels cogérants à 50-50, Charlotte Gainsbourg et son associé Dominique Dutreix, promotteur immobilier à la tête de dizaines de sociétés, se déchirent depuis déjà plusieurs années. Avant même l'ouverture de la maison au grand public. Chacun reprochant à l'autre de ne pas respecter leur accord et se renvoyant la responsabilité des dettes.
En décembre, Dominique Dutreix a même été condamné en appel à verser près d'un million d’euros (482.000 euros et 506.000 euros) "à titre d’avance en compte courant". Une somme qu'il aurait prélevée sur le compte courant de la Maison Gainsbourg et qui explique aujourd'hui le placement en redressement judiciaire de ce lieu culturel.
Au pénal, celui-ci est aussi "poursuivi pour abus de bien social pour cette même manœuvre, laquelle aurait provoqué le blocage du paiement de certains fournisseurs et des entreprises responsables des travaux, générant un retard de dix-huit mois dans l’ouverture du lieu", précise Le Parisien.
Plusieurs options sur la table
Les trois offres de reprise déjà déposées émanent justement de Dominique Dutreix et de la fille de Jane Birkin, aidée par un "ami", Philippe Dabi, le fondateur du groupe Bioclinic et dirigeant du Paris FC, classé parmi les 500 plus grandes fortunes tricolores selon Challenges.
Charlotte Gainsbourg a mis deux options sur la table, qui lui permettraient de rester majoritaire, selon le Parisien. L'une est une cession-acquisition, afin de liquider la société appartenant aux deux associés en conflit. La maison serait alors reprise par une nouvelle entreprise dans laquelle Philippe Dabi apporterait près de 850.000 euros, ainsi que des garanties pour relancer l’activité. L'autre suggère que l’actuelle société continue, mais sans Dominique Dutreix. Des choix épineux, encore à l'étude donc.